Le très attendu tome 2 sur les LeO 45 est enfin sorti ! Et il tient toutes ses promesses… La mise en page est plus homogène et souffre moins des défauts signalés dans le tome 1, notamment au niveau des tableaux. Le format généreux de cet ouvrage permet toujours de présenter les photos et les plans en grand format. L’impression de bonne qualité les met bien en valeur, avec une vingtaine de pages en couleurs en fin d’ouvrage.
D’un gabarit équivalent au premier tome, sur papier épais avec une épaisse couverture cartonnée, il est consacré aux diverses variantes de l’appareil. Du coup, il contient encore plus de documents inédits que le premier volume, même s’il s’agit parfois de simples projets ou d’appareils transformés pour des utilisations marginales. En effet, si les LeO 453 notamment, avec leurs moteurs américains, ont été déployés au sein de diverses unités de servitude de l’armée de l’Air, notamment des groupes de liaisons aériennes (les GLA), ils ont également servi à Air-France pour le transport de passagers, pour le secours aérien maritime, dans la Marine, ou bien encore aux relevés géographiques de l’IGN. Jean-Michel Meunier détaille également la carrière mouvementée des prototypes de LeO 455 à moteurs 14 R, avant de traiter les carrières des exemplaires mis en service après la guerre, dans l’armée de l’Air et l’IGN.
De nombreux chapitres détaillent les variantes prévues, aussi bien sous forme de projets comme les LeO 452, 454, 457, 458, 459 et les surprenants LeO 451C de transport civil, que ceux ayant connu quelques réalisations comme le LeO 451M ou l’avion cadre destiné au déminage. Et puis il y a évidemment un important chapitre consacré aux nombreux LeO 45 expérimentaux d’après-guerre, largueurs d’engins ou bardés de capteurs aérodynamiques spectaculaires. Parmi les raretés, on trouve par exemple des vues des essais des « manches Lecarme », expérimentés à bord d’un LeO modifié par la SNCASE avant d’être mis en service sur le Grognard et l’Armagnac. D’autres pages nous révèlent les essais menés sur de nombreux engins largués par le bimoteur ou encore certains tests aérodynamiques spectaculaires. Un curieux petit chapitre traite de quelques appareils marginaux présentés comme concurrents du LeO 45 : Romano 120, CAO B4, SE-100 et SE-500 (ces deux derniers n’entrent pourtant pas dans cette catégorie), sans cependant aborder le concurrent principal de chez Amiot, ni ceux des autres constructeurs : Bloch, Breguet, Couzinet, Dewoitine, Farman, Latécoère, Potez et Wibault.
Tout cela ne représente pourtant que la moitié de l’ouvrage. Le reste est consacré aux annexes. La première d’entre elle est une liste de vols d’essais du prototype jusqu’en mai 1939, agrémenté de quelques belles photos. Elle est suivie d’une autre liste des premiers vols du n°1 de série, puis d’une chronologie concernant le LeO 455 prototype et d’une liste de sous-traitants et de fournisseurs de la SNCASE. L’annexe 5 devrait intéresser tout particulièrement les maquettistes car il s’agit d’une description détaillée de l’avion, avec de nombreux dessins extraits de notices techniques et des vues de détails. L’annexe suivante reprend l’ordre de bataille de l’armée de l’Air en septembre 1939, document connu pour être bien éloigné de la réalité.
Les tableaux sont sobres et clairement lisibles, mais souffrent d’un aspect austère qui aurait mérité d’être amoindrie par l’ajout d’autres photographies. La longue liste des carrières qui suit ces pages n’est malheureusement pas présentée sous forme de tableau et occupe quarante pages un peu indigestes, malgré l’incontestable plus-value de son contenu. Il existe notamment de nombreux clichés de LeO 451 de série qui auraient bien trouvé leur place parmi les pages de cette liste et l’auraient rendu plus attrayante.
Suit une liste de modifications appliquées aux avions de série, puis un mémoriel aux équipages morts en mission, selon un double classement par unités et chronologie, puis par ordre alphabétique. Là encore, on aurait apprécié des portraits ou certaines photos d’épaves complémentaires de celles du tome I. Vient ensuite la liste des citations décernées à des membres d’équipages de LeO.
En fin d’ouvrage, les superbes plans au 1/72 des diverses versions bénéficient du grand format choisi pour ce livre. Ils sont suivis de diverses reproductions d’insignes d’unités ayant eu des LeO, puis de magnifiques profils couleurs de versions expérimentales et de projets civils, agrémentés cette fois de quelques photos de détails et même d’extraits de films en couleur montrant un LeO 451 avec son engin SE-1500 !
Ce livre est un très bel ouvrage qui complète richement le premier tome. La richesse des annexes aurait gagné à intégrer de nouvelles illustrations, mais celles présentes dans la première moitié du livre apportent déjà beaucoup sur cet avion. Ces deux volumes modernisent enfin la connaissance sur ces superbes bombardiers, qui n’étaient connus pratiquement jusqu’à présent qu’à travers le Docavia de Cuny et Danel qui, malgré son sérieux, accuse sérieusement son âge. Il fallait renouveler tout cela, mais cela nécessitait un grand effort. Voilà qui est fait.
Philippe Ricco
308 pages, 24 x 31 cm, relié
en français