Du foisonnement aéronautique de l’entre-deux-guerres, la culture collective a surtout retenu les nouveautés britanniques, américaines, allemandes, japonaises ou même françaises. Pourtant, certaines productions d’outre-Quiévrain méritent notre attention.
En effet, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Alfred Renard dessinait déjà un monoplan métallique à cockpit clos pour l’ACAZ. Il signait aussi un biplan plus classique : le Stampe et Vertongen RSV 32, premier d’une longue lignée d’avions d’entraînement belges. Toujours en quête d’innovations potentielles, Renard dessine par la suite plusieurs modèles audacieux, qui ont déjà fait l’objet de plusieurs ouvrages tels que Les avions Renard, Avions multi-moteurs Renard, La saga du Renard 31 et Renard R-36/37/38 & 40.
C’est une autre approche qui a cette fois été choisie : la bande dessinée. Il s’agit ici de conter l’histoire d’Alfred Renard, des cerfs-volants de son enfance à sa retraite. Le scénario de Philippe Glogowski est généralement chronologique et détaille les successions de réussites techniques, de déceptions commerciales, de satisfactions et de drames qui ont émaillé la vie d’Alfred Renard. La narration à la première personne est efficacement rythmée, malgré quelques maladresses occasionnelles (pourquoi parler de la naissance du second fils de Renard, mais jamais de son aîné ?), et malgré une petite tendance à l’hagiographie le personnage principal n’est pas exempt de faiblesses.
Le triste destin des R-36 et dérivés, concurrents potentiels des Hurricane, D.520 et autres Bf 109…
Le dessin de Gerardo Balsa est classique, expressif et clair, bien porté par les couleurs propres et élégantes de Sylvaine Scomazzon. Manu Bataille a pour sa part signé une mise en page parfaitement lisible, aérée jusque dans les quelques passages inévitablement chargés de texte.
Le lecteur pourra regretter que de nombreux éléments de l’histoire des avions Renard soient survolés, mais il s’agit de raconter en 45 planches un demi-siècle d’innovations, de drames et de succès. Pour ceux qui souhaitent la version détaillée, nous ne pouvons que conseiller les ouvrages du Fonds national Alfred Renard. Pour les autres, cette Épopée aéronautique d’Alfred Renard reste une excellente introduction au sujet : la bande dessinée présente efficacement ce pan parfois méconnu de l’Histoire de l’aéronautique, sous une forme entraînante et agréable.
Franck Mée
48 pages, 24 x 32 cm, relié
0,500 kg
Avec l’aimable autorisation de
© FNAR / TJ Éditions
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