« Histoire mondiale de… » : voici un sous-titre qui pourrait susciter la méfiance tant, dans ce registre, le pire côtoie parfois le meilleur, avec une kyrielle de livres boiteux, incomplets ou approximatifs. Nous ferons l’économie de ce souci en ce qui concerne Les aigles des mers : la réputation de sérieux de l’auteur, ainsi que la bibliographie et les sources mentionnées sont ici autant de gages rassurants.
Résumer en un seul ouvrage, fût-il volumineux, toute l’histoire des avions embarqués du monde entier, est un art difficile, que seul un auteur ayant suffisamment travaillé un sujet qu’il maîtrise est capable de mener à bien. Rompu à ce genre d’exercice, Alain Pelletier a déjà fait ses preuves, entre autres avec son excellente Histoire mondiale des avions de ligne, parue en 2004 chez le même éditeur.
Si Les aigles des mers possède des vertus encyclopédiques, sa structure le place bien dans le registre du « livre d’histoire », un texte solide en étant le fil conducteur, des premiers essais en 1910 aux visions d’avenir en passant par quelques projets avortés. Notons que les voilures tournantes ne sont pas abordées. Histoire d’avions, sans doute, mais également histoire synoptique des aviations embarquées de chaque pays, mettant en regard les évolutions des différentes armes aéronavales nationales au cours du siècle écoulé. L’approche ne manque pas d’une certaine originalité, car il s’agit à la fois d’un ouvrage qui se lit de façon linéaire et d’un livre qui se consulte. L’iconographie, abondante sans excès, s’avère remarquable tant par le choix des documents utilisés que par la qualité de leur reproduction. L’auteur a clôturé chacun des sept chapitres par plusieurs pages de fiches techniques, où chaque appareil est présenté par ordre chronologique de mise en service, par le biais d’un petit tableau des caractéristiques et d’une photographie. On appréciera les nombreux encadrés, les tableaux présents en annexe, le glossaire et surtout les indispensables index.
Aussi plaisant à lire qu’à consulter, voire à feuilleter à la découverte de quelque appareil méconnu ou projet bizarre, Les aigles des mers fait montre d’un bel équilibre, et s’il ne saurait à lui seul remplacer plusieurs rayons d’une bibliothèque, il remplit sa mission avec une élégance certaine.
Philippe Ballarini
272 pages, 24 x 31,5 cm, couverture rigide + jaquette