L’image populaire des grandes administrations les présente habituellement comme de lourdes entreprises indolentes, pour ne pas dire inertes, dans lesquelles vivent des personnels plus concernés par leurs droits que par leurs devoirs. L’auteur raconte l’histoire d’un contre-exemple assez singulier, celui d’une administration laissée assez libre de ses initiatives, dans un contexte d’après-guerre où tout était à reconstruire. L’implication des personnels dans cette période a donné lieu à de nombreuses activités aériennes nouvelles, qui venaient en support indispensable à des services délabrés auxquels tout manquait. C’est le pays tout entier que la guerre avait changé et, pour étudier son nouveau visage, l’Aviation Civile inventa des moyens de cartographie et de photogrammétrie qu’elle mit à disposition des services du bâtiment et du cadastre. Les infrastructures étaient inadaptées pour redévelopper les lignes aériennes, cette même administration se lança dans une étude actives des terrains, des leurs équipements, développa des moyens techniques et mit en place les éléments qui devaient permettre aux compagnies aériennes de renaître. Les personnels navigants manquaient ou leurs connaissance acquise durant la guerre ne les préparaient pas au service de l’aviation commerciale, qu’à cela ne tienne, le SGACC allait mettre en place des formations et établir les nouvelles règles de la navigation aérienne…
Toutes ces bases, si indispensables qu’elles paraissent aujourd’hui aller de soi, il a pourtant fallu les créer de toutes pièces. Le SGACC, laissé à lui-même, a pris une très grande part dans cette mise en place. L’auteur rend hommage aux hommes qui ont pris les initiatives et œuvré activement à développer ce qui est devenu l’aviation civile moderne. Néanmoins, il faut noter que cet ouvrage couvre uniquement les activités du groupement aérien, les autres domaines du SGACC ne sont pas traités. Cela exclut notamment tous les aspects administratifs tels que le rôle joué dans la normalisations et la réglementation aérienne, mais également le SAR qui, bien que sous sa responsabilité, était confié à des équipages militaires.
Le livre se présente sous un format carré à couverture souple, contenant 192 pages imprimées tout en couleurs. À part quelques photos un peu trop agrandies qui montrent leurs pixels, les documents sont de bonne qualité et souvent très rares. On y découvre de nombreuses photos d’avions tels que Goéland, DC-3, DC-4, NC-702, Toucan, SO-95 et jusqu’à Caravelle ou même de petits appareils de tourisme, dans des décorations et des fonctions inhabituelles. La mise en page se veut moderne et vivante, mais garde une bonne lisibilité. Une part importante est consacrée aux portraits et aux témoignages des acteurs de cette épopée. Les annexes détaillant le matériel, le personnel et quelques aspects plus techniques occupent près de la moitié du livre, incluant les carrières individuelles de chaque machine affectée à ce groupement.
Un ouvrage bien instructif. Une excellente référence à avoir, mais aussi un livre agréable à lire pour se détendre intelligemment durant l’été.
Philippe Ricco
128 pages, 24 x 24 cm, broché