L’avant-dernière page de ce livre aurait pu se trouver dans l’avant-propos, tant Roger Gaborieau y explique clairement que ces deux héritiers de la célèbre famille de maîtres de forge n’ont pas été médiatisés et sont donc très peu connus de nos jours.
S’agissant d’un récit biographique, la narration est logiquement chronologique et l’auteur commence avec le passé de cette dynastie industrielle du Creusot, mais sans s’appesantir, car l’évoquer davantage aurait été hors-sujet. Il détaille les relations personnelles des membres de la famille et cela aide à mieux appréhender les différentes personnalités.
L’aîné de cette quatrième génération, Henri-Paul, sera le premier à se tourner vers l’aviation, en pleine Première Guerre mondiale, après avoir servi dans l’infanterie. Son frère Jean qui a servi avec lui le rejoint peu après, son dossier de candidature s’étant perdu en route. Tous deux passent par l’école de pilotage de Chartres et arrivent finalement à la N 49, qui devient peu après la SPA 49, respectivement en novembre et décembre 1917.
La carrière opérationnelle d’Henri-Paul est des plus courtes, car il est abattu le 23 février 1918 et meurt dans les bras de son frère Jean. La famille en portera toujours le deuil. Jean continue de voler, remporte une victoire et est blessé. Après guerre, il poursuivra une carrière dans l’aviation civile, en restant réserviste. Ni lui ni son frère cadet Charles ne s’occuperont des usines qui portent leur nom, ni ne reverront leur père jusqu’à l’automne 1942, à l’occasion d’un hommage aux victimes civiles d’un bombardement allié sur le Creusot.
L’auteur relate également la vie de Françoise, l’épouse de Jean, qui fait carrière dans les infirmières de l’air qui seront plus tard rebaptisées IPSA (Infirmières Pilotes Secouristes de l’Air) et accompagne son mari dans ses voyages professionnels. Le couple réalise un tour du monde aérien et d’après l’auteur, Françoise est la première femme à l’accomplir.
À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, Jean Schneider rempile malgré ses 44 ans. Il servira au Groupe de Chasse I/3, volant sur Dewoitine 520 et ajoutant plusieurs victoires à son palmarès. Il participe notamment à la célèbre mission sur Arras du 23 mai 1940, escortant Antoine de Saint-Exupéry. Il y sera abattu et ce sera la fin de sa carrière de pilote de chasse. Il œuvrera ensuite de nouveau pour Air France. Les époux Schneider résisteront en recueillant des renseignements en préparation au débarquement allié en Afrique du Nord. C’est lors du vol qui les ramène vers la métropole, en novembre 1944, que les époux Schneider trouvent la mort ensemble dans la chute du Liberator de la RAF qui s’écrase en Saône-et-Loire.
Le style est clair et simple. Des notes de bas de page donnent des précisions utiles, sans alourdir la clarté du récit, tout comme certains encarts. L’iconographie est surtout composée de portraits provenant de la famille.
On peut remercier Roger Gaborieau d’avoir su raconter avec la bonne dose de détails la vie de ces trois personnes, couvrant une trentaine d’années d’aviation française, dans un récit équilibré et plaisant à lire et à découvrir.
Jocelyn Leclercq
244 pages, 16 x 24 cm, couverture souple
0,585 kg
Lecteur : Jocelyn Leclercq
NDLR : Les 81 illustrations — essentiellement des photographies de source familiale — sont intégrées au corps du texte et pas regroupées dans un « cahier photos ». Pour garantir une bonne qualité de reproduction et d’impression, l’éditeur a opté pour un papier couché semi-mat (115 g/m2).