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Les Américains à Châteauroux

1951-1967
Bruno Mascle

Il est toujours tentant de résumer l’histoire aéronautique d’un lieu à la description des infrastructures et à l’histoire de leurs utilisateurs ; Bruno Mascle nous rappelle que l’irruption de l’aviation dans une région n’y est pas non plus sans conséquence pour l’économie et les relations sociales. Dans les années qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale, Châteauroux est le chef-lieu d’une région essentiellement agricole dont la petite industrie locale n’a toujours pas surmonté la crise entraînée par la Grande guerre; même l’usine aéronautique moderne construite en 1936 par Marcel Bloch, passée à la SNCAC avant de revenir à la SNCASO, n’emploie guère plus de 500 personnes à la production de sous-ensembles.

C’est cette cité quelque peu assoupie que découvrent les dizaines puis bientôt les centaines de militaires américains venus construire le plus grand dépôt aéronautique militaire d’Europe, amenant la société de consommation naissante de leur pays dans leurs bagages ; on imagine facilement leur surprise !
N’oublions pas que l’US Air Force constitue probablement alors l’une des institutions américaines les plus modernes ; cet étonnement fut parfois le même pour ceux qui construisirent quelques années auparavant au fin fond de l’Amérique les grandes bases d’entraînement de la guerre, au milieu de fermes où les toilettes au fond du jardin n’avaient pas non plus disparu !

Surprise des arrivants, surprise au moins aussi grande pour les Castelroussins (il n’y a que notre pays pour inventer de tels noms à ses habitants !), qui se transforma en curiosité, méfiance, enthousiasme, opportunisme ou même hostilité plus ou moins affichée ; l’éventail fut large, entre des dizaines de mariage internationaux d’une part et des graffitis « US go home » de l’autre, mais même dans le témoignage des militants syndicaux, on sent comme une pointe de regret pour ce qui sera devenu dans leurs souvenirs une sorte d’ennemi préféré.

Olivier Pottier avait publié une excellente synthèse sur l’histoire des bases américaines en France* ; l’ambition de Bruno Mascle est d’apporter une éclairage quotidien à un tel travail : pour cela, il s’est plongé dans la presse locale de l’époque pour y retrouver ce qu’elle traduisait de la réaction de ses concitoyens. Il est allé chercher le témoignage des deux côtés de l’Atlantique ; le résultat est vivant, bien construit et bien illustré.
Certains regretteront qu’on n’y parle pas davantage d’aviation, mais il y a suffisamment d’ouvrages pour le faire ; le propos de l’auteur est autre. Comme pour un récent ouvrage consacré à la base de Chaumont*, ce travail constitue un complément des plus utiles à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin à la quinzaine d’années qui virent la présence des forces US dans notre pays.

Pierre-François Mary


* Olivier Pottier, Les bases américaines en France (1951-1967), Éditions de L’Harmattan, 2003
* Collectif, Quand Chaumont flirtait avec l’Amérique, Éditions À la Une, 2015.


128 pages, 21 x 27 cm, relié
plus de 150 illustrations
0,696 kg

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La Bouinotte

ISBN 978-2-36975-082-6

26 €