Coup de cœur 2017 |
« US Go Home ». Les moins jeunes se souviennent de ces graffitis qui se firent jour en France dans les années soixante. Les cadets, en revanche, ne comprennent pas toujours très bien. Ainsi donc, il y avait des militaires américains en France après la Seconde Guerre mondiale ? Mais que faisaient-ils donc là ? Pourquoi faire ? Dans quelles conditions ? Cette présence a pourtant profondément marqué les populations, et si pour certains le départ des « Américains » en 1967 fut le signe d’une autonomie retrouvée de la France vis-à-vis des USA, pour d’autres il fut à l’origine d’une certaine nostalgie ; force est de reconnaître que le choc des cultures fut important, et que les bases OTAN en France furent autant d’îlots d’Amérique* sur le sol de la « vieille Europe ».
Ce sujet avait déjà été abordé par Fabrice Loubette, que nous retrouvons ici, dans son ouvrage remarqué Les forces aériennes de l’OTAN en Lorraine 1952-1967. Le sujet a pris de l’ampleur et le travail est désormais effectué à six mains, Pierre-Alain Antoine et Pierre Labrude étant les deux autres membres du trio qui s’est attaqué à un projet pour le moins ambitieux : il s’agit de proposer toute une collection, en plusieurs volumes, traitant de façon aussi exhaustive que possible un sujet d’une grande richesse.
Ne croyez pas que Les Américains en France ne vous propose qu’une évocation des bases aériennes et des unités de l’OTAN sur le sol français. Ce tome 1 est organisé en trois parties maîtresses . Une première, de 32 pages, utilise la région de Toul pour illustrer ce que fut l’implantation américaine en France (et ici depuis la Grande Guerre). Les deux parties suivantes se partagent le gros de l’ouvrage, avec pour thèmes l’organisation des services de santé américain et canadien en France (y compris les dépôts et les trains sanitaires !) ainsi que l’US Army Aviation qui, parallèlement à l’US Air Force, disposait de ses aérodromes et de ses avions et hélicoptères. Le fait que soit abordé dans ce premier volume un sujet que l’on peut qualifier de « secondaire » (les services de santé) en dit long sur l’ambition de cet ouvrage en plusieurs volumes. En effet, est prévu, pour les volumes suivants, le traitement d’autres sujets tels que, bien évidemment, les bases aériennes, mais aussi toute la logistique, les dépôts divers, les transmissions, les stations radar, les pipe-lines, l’hébergement, la vie quotidienne…
Le projet global est donc singulièrement ambitieux et prometteur, d’autant plus que le ramage se rapporte au plumage. Le contenu s’avère singulièrement complet et détaillé, tant par le texte que par une iconographie ébouriffante de variété et de précision. Photos noir & blanc et couleur, vues aériennes, plans, cartes, coupures de journaux… Fabrice Loubette, plus particulièrement chargé de l’iconographie, s’est déchaîné ! Les textes, quant à eux, sont clairement l’émanation de spécialistes rompus à l’exercice de la recherche historique, de la mise en forme et de l’écriture. Il apparaît comme évident que le trio a pris du plaisir à aborder ici un sujet qui leur tient à cœur.
On notera au passage que l’éditeur Gérard Louis ne s’est pas moqué du monde, avec un excellent choix de papier*, une mise en page sobre et élégante, et une impression irréprochable mettant bien en valeur cette iconographie fouillée qui est l’un des attraits de l’ouvrage. Peut-être aurait-on pu préférer, pour ce qui se profile comme une somme de référence, une couverture rigide et une « vraie » reliure ? C’est sans doute vrai, mais cela aurait très singulièrement grevé le prix du vente du livre… et fait atteindre au montant total de la collection des sommets déraisonnables. Nous nous contenterons donc de cette couverture semi-rigide à grands rabats qui rend ce livre plus accessible.
Ce coup de cœur est à prendre comme des félicitations à l’ensemble des personnes qui ont concouru à l’élaboration de ce premier volume, auteurs, éditeur et imprimeur, et surtout un encouragement à maintenir les volumes à venir à un niveau de qualité identique… et aussi une invitation à acquérir ce premier volume. En effet, rien ne servira plus de courir, à la parution des tomes 4 ou 5, après un volume 1 éventuellement épuisé.
Philippe Ballarini
* Par « Amérique », il faut entendre ici le sens géographique du terme : à la fois les USA et le Canada.
* papier couché semi-mat 150 g/m2
192 pages, 21 x 27 cm, couverture souple à rabats
0,880 kg
French/English captions
– Les volumes de Les Américains en France 1950-1967
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Gérard Louis
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Gérard Louis
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Gérard Louis
Avec l’aimable autorisation des © Éditions Gérard Louis