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Les As de l’Atlantique Nord

Albéric de Palmaert

Le terme « as » s’appliquait initialement aux pilotes de combat ayant remporté au minimum cinq victoires aériennes. Il fut étendu ensuite aux pilotes les plus doués, par exemple dans le domaine de l’acrobatie. De là à l’appliquer à ceux qui se lancèrent parfois sans succès dans la traversée de l’Atlantique Nord, voilà qui est surprenant. Mais la plupart des membres d’équipage qui s’engagèrent dans pareille entreprise n’étaient ni des novices, ni des aventuriers irréfléchis, comme nous le démontre l’auteur dans cet ouvrage.

Autre point un peu surprenant : cette couverture – correctement légendée comme étant celle d’un meeting des années 1930 – dont la formation en patrouille ne correspond guère avec ces vols, lesquels attiraient également les foules – et parfois bien plus nombreuses que celle de ce cliché – mais dont le spectacle n’avait rien en commun avec les raids transatlantiques. Pensez donc ! L’ avion, (très) longtemps guetté, n’apparaissait que fort peu de temps, celui le temps du décollage ou de l’atterrissage. Un dernier point nous a surpris, mais cette fois dans le texte : l’absence de référence au problème du sommeil qu’eurent à affronter ces hommes et ces femmes durant des vols quasiment sans assistance ni confort, alors que leur durée était généralement supérieure à la journée.

Passons outre ces premières impressions de surprise : Albéric de Palmaert a couché sur ces pages des récits choisis avec soin, des premiers rêves d’aéronautes jusqu’au vol du « Point d’interrogation », et il les a narrés de façon agréable dans des chapitres assez courts mais rendus très vivants par la présentation des acteurs, de leur époque mais aussi de la perspective de celle-ci. Ce dernier point n’est pas anodin : ces vols téméraires et parfois mortels, s’ils nous paraissent déjà forts lointains à l’heure des centaines de vols transatlantiques quotidiens, ne le sont pas tant que cela, ainsi que l’auteur nous le rappelle presque malicieusement.

Certes, toutes les tentatives ne sont pas évoquées (certaines, bien que sous la houlette de personnages des plus fameux, ne le sont qu’en illustration d’un récit principal) car elles furent nombreuses ; et s’il n’y a qu’un océan, il y avait différentes façons de l’aborder ! Ce sont donc une vingtaine de vols, pas tous couronnés de succès, qui sont présentés, la plupart du temps de façon chronologique. Les conditions météorologiques, les difficultés de la navigation, les soucis techniques, la sourde concurrence que se menaient ces équipages, mais aussi le respect et parfois la solidarité de ces individus sont racontées avec une finesse qui rend cet ouvrage accessible à tous et assure de très bons moments. Petit exploit de l’auteur : dans ce livre strictement dédié à l’aviation et à vocation documentaire, le lecteur n’a pas l’impression d’être étroitement enfermé dans un sujet aéronautique.

François Ribailly


256 pages, 15 x 24 cm, broché

En bref

Éditions du Rocher

ISBN 978-2-268-07023-0

17,90 €