Ils sont cinq. Cinq jeunes pilotes américains, tout juste sortis de l’école de chasse de la Marine, qui débarquent aux Salomon en pleine guerre du Pacifique. Un pleutre constamment inquiet, un intello sûr de tout maîtriser, un flegmatique Britannique, un fils de bonne famille, un petit comique. Avec une telle équipe, l’arrivée sur le terrain et les premières rencontres avec la chasse japonaise se présentent bien…
Une tonalité générale comique…
Il y a des histoires sérieuses, et il y a des histoires parodiques. Celles qui, comme Zéro pour l’éternité, narrent la tragédie du Pacifique ; celles qui, comme Les dézingueurs, font rire sans retenue. Les as du Pacifique est entre les deux. D’un côté, de vrais drames, comme ce Catalina parti chercher un pilote parachuté en mer, et des allusions historiques sérieuses, par exemple aux camps de concentration établis par les Américains pour les civils d’origine japonaise. De l’autre, du comique de situation, des vannes faciles et des séquences potaches comme celle illustrée en couverture.
Il ne s’agit pas pour autant d’un refus de choisir, mais d’un parti-pris assumé : raconter une comédie légère, mais y mêler de vrais ingrédients plus sérieux pour l’ancrer dans la réalité. Imaginez que les Buck Danny soient narrés du point de vue de Sonny Tuckson, peut-être… Le résultat verse parfois dans la facilité, mais il est plutôt équilibré : on sourit plus d’une fois et on ne perd pas de vue le cadre historique.
…et de vrais éléments tragiques.
Le graphisme est à l’avenant, le style semi-réaliste associant naturellement appareils aux formes et proportions correctes et visages caricaturaux aux expressions exagérées. Il est possible de pinailler sur certains détails : les Lockheed P-38J, nés à l’été 1943, n’ont guère combattu directement sur les Salomon (qui ont plutôt vu des P-38F), et rien ne justifie que les Grumman Wildcat des héros décollent par un fort vent arrière. La mise en couleurs manque également parfois de subtilité, notamment dans les aplats des ombres sur les visages des premières planches. Mais l’ensemble est dynamique, lisible, à la fois aéré et détaillé, et finalement plutôt agréable.
Voici donc une série plutôt loufoque et sans prétention, mais qui sait conserver un certain sérieux occasionnel. Sans être une grande œuvre, ce premier volume se lit avec plaisir et fait attendre la suite.
Franck Mée
48 pages, 24,1 x 32 cm, couverture cartonnée
0,600 kg
– La collection « Les as du Pacifique »
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Zéphyr