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Les aviateurs de l’extrême

La base aérienne 188 de Djibouti
Gilles Bordes-Pages

La base française de Djibouti à l’est de l’Afrique, dans la fameuse « corne », est d’une importance stratégique capitale. Sans être la plus importante en termes d’effectifs, c’est, comme le souligne le colonel Julien Sabène, son commandant, un « concentré de l’armée de l’Air » à 7 heures de vol de Paris, puisqu’on y retrouve sur ce seul site une bonne partie des différentes spécialités des forces aériennes françaises.

L’aspect « extrême » est principalement lié à l’environnement de cette base, dans la chaleur d’un environnement désertique parmi les plus secs au monde, terriblement exigeant mais souvent absolument stupéfiant de beauté.
C’est par là que l’ouvrage débute d’une manière assez peu conventionnelle pour un livre qui s’affiche pourtant comme un livre de photos d’aviation ; il aurait été néanmoins dommage de se priver de ces superbes clichés de paysages désertiques, ou de littoraux uniques, que l’auteur a rapportés de ses reportages, et qui contrastent avec l’univers bariolé de la ville et des habitants de Djibouti.

Viennent ensuite les chapitres consacrés aux différentes unités et composantes de la base. Escadron de Transport 88 « Larzac », Brigade Aérienne des Forces de Sécurité et d’Intervention (c’est-à-dire les pompiers et les commandos de l’air), les Forces Spéciales constitués par un détachement du Commando Parachutiste de l’Air N°10 et l’Escadron de Chasse 3/11 « Corse » équipé de Mirage 2000-5F et de Mirage 2000D. La base accueille aussi des unités de l’armée de Terre, dont un détachement de l’ALAT avec ses hélicos Puma et Gazelle. C’est aussi pour la Marine Nationale une base importante où ses navires en mission dans l’Océan Indien peuvent venir faire escale. Avec le danger représenté par la piraterie au large de la Somalie, Djibouti accueille aussi des détachements étrangers, il n’est donc pas étonnant d’y croiser des P-3 allemands ou des appareils américains.

Le photographe ne manquait donc pas de sujets. Il a même participé à plusieurs missions aériennes et exercices militaires pour ramener une collection de photos totalement « extrêmes » et montrant avec précision l’ensemble des personnels impliqués, ainsi que le large spectre de leurs missions, aériennes, maritimes et terrestres. Djibouti étant aussi une immense zone où l’entraînement peut se faire en conditions réelles dans un environnement très difficile, les occasions de faire des images spectaculaires ne manquaient donc pas.
Les textes accompagnant ces divers chapitres sont extrêmement succincts et se bornent à préciser le cadre des missions dévolues aux unités présentes. Les légendes des photos, également très succinctes, sont renvoyées aux dernières pages du livre et auraient peut-être gagné à être un peu plus détaillées.

Quoi qu’il en soit, ce livre est le superbe fruit d’un reportage qui a dû être aussi enthousiasmant que dépaysant et difficile. Il couvre bien l’ensemble des missions dévolues aux unités présentes dans cette partie de l’Afrique en ne se limitant pas aux seules opérations aériennes. Le pari était osé, et bien servi par une mise en page claire et une impression sans défaut, il est réussi.

Frédéric Marsaly


142 pages – 20,5 x 29,3 cm, relié
Préface du colonel Julien Sabène

En bref

Nouvelles Éditions de l’Université

ISBN 978-2-37057-000-0

24,90 €