Si vous êtes parvenu sur cette page, si vous lisez ces lignes, ce n’est pas le fruit du hasard ; on peut même penser qu’en matière d’histoire de la guerre aérienne, vous n’êtes pas précisément un béotien. Il est donc inutile de vous rappeler que dans les années trente et quarante, les forces aériennes japonaises étaient partagées entre deux entités parfois rivales : l’armée de terre et la marine. Voilà pourquoi une étude complète des avions japonais jusqu’en 1945 se doit de comporter deux tomes dont celui-ci pourrait être le premier.
Ceux qui possèdent ou ont eu en main Soleil levant sur l’Australie ont pu mesurer le degré de sérieux et le souci du détail exact de Bernard Baeza ; ce livre-là fera date et il y a fort à parier que Les avions de l’armée impériale japonaise deviendra, sinon une « bible », tout au moins un incontournable ouvrage de référence.
L’ouvrage s’ouvre sur un bref mais passionnant historique et un nécessaire aperçu de l’organisation de l’aviation de l’armée japonaise. La première moitié du livre est consacrée à l’étude des 45 modèles d’avions de combat de l’armée présentés par ordre chronologique, depuis les premiers Farman et Salmson « nipponisés » jusqu’aux ultimes appareils entrés en service en 1945 : le chasseur Kawasaki Ki-100 et l’appareil « d’attaque spéciale »* Nakajima Ki-115 Tsurugi. Environ 400 pages pour évoquer 45 appareils, cela donne une moyenne de 9 pages par avion : voilà des chiffres qui donnent un aperçu de la quantité d’informations. Le texte est essentiellement consacré à la genèse, au développement, à la production et à la l’évolution technique de chaque modèle — ainsi que de son armement, mais la carrière opérationnelle n’est pas évoquée (ce n’est d’ailleurs pas le sujet de ce volume déjà imposant).
324 : c’est le nombre des photos, généralement de qualité, le plus souvent inédites. En tout cas, ces images n’ont pas qu’une simple fonction d’illustration, car elles sont accompagnées de légendes conséquentes (et non redondantes dans le texte).
Ces chapitres sont chacun enrichis d’une partie « Plus d’infos », regroupant des nombreux détails enrichissants, des tableaux présentant des caractéristiques techniques, ou encore le détail de la production. Outre les photographies (en noir et blanc), chaque chapitre (chaque appareil) est illustré d’un profil au trait. On ne voit guère comment faire plus complet et on est éberlué devant la somme d’informations que recèle cet ouvrage, informations que l’auteur a mis plusieurs années à collecter et à mettre en forme.
Les avions étant présentés par ordre chronologique, des balbutiements de 1910 à l’effondrement japonais de 1945, le glissement progressif d’une reproduction plus ou moins servile d’appareils occidentaux d’origines diverses vers la conception intégralement nippone est mis en évidence.
100 pages d’annexes ! Quasiment un livre dans le livre ! On y trouve les 17 avions d’observation, d’entraînement et de liaison, puis les 70 prototypes et projets étudiés à la demande de l’armée impériale. Ce n’est peut-être pas la partie la moins intéressante de l’ouvrage. Deux autres annexes présentent sur 22 pages l’armement de bord, fixe et mobile, avec là encore photographies et tableaux. Les annexes 5 et 6 (une douzaine de pages) répertorient les unités opérationnelles de l’armée impériale, avec pour chacune les dates de création et de dissolution, la fonction, les zones d’activité et la dotation en appareils. 5 pages de caractéristiques des moteurs et nous arrivons à l’imposante bibliographie.
Le tour du livre ne serait pas complet sans la mention de 121 profils en grande taille (sur 48 pages) dus à Thierry Dekker dont il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’en matière de profils d’avions, cet illustrateur talentueux tient actuellement le haut du pavé.
Une fois de plus, Lela Presse nous assène un livre de référence, dans la grande lignée des ouvrages de la collection Histoire de l’aviation,. Il ne nous reste plus qu’à espérer que nous pourrons bientôt associer ce volume remarquable avec une histoire des avions de la Marine impériale japonaise… du même auteur.
Philippe Ballarini
514 pages, format 21 x 29,7 cm, couverture cartonnée
121 profils couleur de Thierry Dekker
2,207 kg
– Collection Histoire de l’aviation N°25
– Les autres ouvrages de la collection Histoire de l’aviation
* attaque spéciale : expression pudique pour désigner les missions suicidaires « kamikaze ».