Dans un agréable livre vendu au prix de deux magazines, Bernard Ziegler nous conte sa période Airbus. Et il ne le cache pas : n’y cherchez pas de quoi faire une thèse sur le constructeur paneuropéen, il se cantonne délibérément dans les souvenirs d’un aviateur, « des histoires du bord de piste » comme il le dit lui-même.
Dès lors, la chronologie, les gens et l’importance relative des sujets est un peu sujette à des aléas dû « à son (grand) âge et à sa mémoire défaillante » (sic). Il n’en demeure pas moins qu’elle nous rapporte déjà beaucoup de choses et que les récits sont clairs, concis et plaisants pour qui se désespère de ne pouvoir avoir fait partie du cercle ou nourrirait de la nostalgie d’en avoir été.
Durant ce quart de siècle un peu allongé, l’homme aura tout connu de l’aventure Airbus et sait nous en rendre compte par petites touches dans de courts chapitres (une dizaine de pages en moyenne). On peut donc le dévorer très vite ou se complaire à avancer à petits pas pour se convaincre que cela ne s’est pas fait en un jour et sans larmes. D’autant que l’auteur finit par un chapitre bien plus long que les autres en évoquant la tristement célèbre tragédie du Mont Sainte-Odile dans laquelle il fut directement impliqué. Celui qui jusqu’alors n’avait (presque) que des bons souvenirs apparaît comme un homme profondément peiné, voire en colère vu la tournure des évènements.
Il reste pourtant discret sur d’autres chapitres délicats de l’histoire du consortium, survenus il est vrai après son départ à la retraite. Mais même les heures difficiles qu’il a connues ne peuvent résister à sa vision foncièrement optimiste.
Il nous livre un récit, son récit, de l’époque où les individus formaient une grande équipe, pratiquement une famille. Il est d’ailleurs surprenant que le côté humain si important dans cette épopée et ces souvenirs soit si mal rendu par l’iconographie. Elle est certes nombreuse, mais de taille souvent réduite et plus encore souvent mal cadrée, rendant difficilement perceptibles des visages pourtant légendés (ceci sur un tiers des clichés environ). Frustrant !
Mais la plume captive et l’on se détache vite de cette question pour (re)vivre une époque désormais révolue.
François Ribailly
175 pages, 17 x 24 cm, couverture souple