Le vieux dicton d’Aristote « Il y a trois sortes d’hommes: les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer » résume assez bien l’âpreté du drame que représentent les disparitions d’avions comme de bateaux. Nulle totale certitude, nulle preuve tangible, un deuil quasi-impossible à assumer, une profonde incompréhension, une foultitude d’hypothèses (dont certaines frôlent la loufoquerie)…
La disparition en mars 2014 du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, avec 239 personnes à son bord, faisait la preuve que les temps avaient changé : les médias modernes se posaient désormais en puissants amplificateurs d’émotion. Cela donna lieu à une kyrielle de publications, imprimées ou « dématérialisées », à des commentaires radiophoniques ou télévisuels pas toujours très pertinents, à une myriade de « billets » sur les « réseaux sociaux », où le nébuleux flirtait avec le (tristement) fantaisiste. On pourra également décerner la palme du mercantilisme sur fond de morbidité à certains auteurs et éditeurs qui se sont empressés de faire leurs choux gras de cette dramatique affaire (choux gras qu’ils partagèrent avec certaines chaînes de télévision avides de sensationnalisme).
Bien évidemment, cela ne saurait être le cas de l’Académie de l’Air et de l’Espace, société savante à cent lieues du mercantilisme et du clinquant. L’AAE* publie ici le fruit des travaux de réflexion systémique d’un groupe de travail constitué de membres de l’Académie abordant la question sous des angles variés : technique, organisationnel, juridique…
Le résultat est ce livret chargé d’analyses, d’explications, mais aussi (et peut-être surtout) de recommandations (dont certaines ont été suivies alors que nous publions ce compte-rendu de lecture). Ce document est lisible par tous, mais certains chapitres nécessitent un certain niveau de connaissance de l’aviation de transport. On notera que sa lecture préalable et attentive eût été profitable à un bon nombre de commentateurs, professionnels comme amateurs, tout comme elle le sera à tous ceux que la question de la disparition d’avions intéresse ou préoccupe.
Sur les 128 pages de l’ouvrage, seules 64 sont écrites en français : le livre est bilingue français-anglais. Cela pourra peut-être réfréner quelques velléités d’achat, mais il convient de signaler qu’il s’agit d’un document de travail, dense et sans fioriture.
Ce Dossier n°41 est le premier que l’Aérobibliothèque commente. Nous ne manquerons pas de vous présenter les suivants : ces publications, que ce soit par leur sujet ou par leur contenu, sont d’un intérêt souverain.
Philippe Ballarini
128 pages, 16 x 24 cm, broché
0,222 kg
* AAE : Académie de l’Air et de l’Espace
– Édition bilingue / Bilingual edition