Un ouvrage « aéro-spatial » qui, dès les premières pages, mentionne ou cite Gaston Bachelard et Teilhard de Chardin, voilà qui n’est pas commun. Le titre Les extraterriennes ne manque pas d’originalité et évoque de façon judicieuse le contenu de l’ouvrage : l’histoire des femmes qui, peu ou prou, ont quitté le sol terrestre. 430 pages ! Amélia Octave n’a pas lésiné. Trois grandes parties font le tour du sujet : successivement ères aérostatique, aéronautique et astronautique. L’ouvrage est étonnant d’exhaustivité, et le moins qu’on puisse dire est qu’il « ratisse large » ; l’introduction, d’une vingtaine de pages, évoque mythes préhistoriques, lévitation de religieuses, sabbat de sorcières… Mais ceci n’est qu’un mise en bouche au regard des 400 pages qui constituent le corps de cet imposant volume.
Le livre pourrait n’être qu’un inventaire détaillé de « femmes volantes ». Il va bien au-delà, avec une approche qui confine au poétique et au philosophique (on ne cite pas impunément La poétique de l’espace, de Bachelard). D’aucuns n’apprécieront pas nécessairement ce qu’ils considèreront comme des digressions ; d’autres prendront du plaisir à une approche dénuée d’aridité… et emmenant le lecteur vers les plus hautes sphères (y compris celles que représentent de lointaines planètes).
Il est rarissime de rencontrer des livres aussi complets. Imaginez ! Le sommaire à lui seul occupe pas moins de six pages : près de 200 entrées ! L’impression est vive qu’aucune femme n’ait été oubliée, depuis les premières intrépides à embarquer dans une nacelle d’aérostat et à celles qui, déjà, envisagent un voyage sur Mars… voire plus loin encore. Bien évidemment, on retrouvera la haute figure des Marie Marvingt*, Hélène Dutrieu, Amy Johnson, Hélène Boucher, Jacqueline Auriol, Caroline Aigle… Mais une place non négligeable est faite aux anonymes, « sorcières de la nuit » soviétiques, parachutistes, WASP* convoyeuses de l’USAAF, IPSA* chères à Germaine Lherbier-Montagnon, hôtesses de l’air…
La lecture, outre d’être édifiante, ne manque pas d’attrait… pour qui pointe volontiers son nez vers le ciel. Les extraterriennes, un ouvrage de référence à portée encyclopédique ? Pourquoi pas ? Il ne lui manque pour cela qu’un seul atout : un index des noms cités* ; mais reconnaissons qu’il aurait rendu encore plus épais ce livre déjà bien consistant.
Philippe Ballarini
* Marie Marvingt : Amélia Octave ne s’est pas laissée entraîner par le lyrisme et n’est pas tombée dans le piège de l’imaginaire « saga militaire » de cette pionnière.
* WASP : Women Airforce Service Pilots, Service de pilotes féminines de l’USAAF.
* IPSA : Infirmières Pilotes-Secouristes de l’Air
* L’auteur et l’éditeur mettent à votre disposition un index commenté au format pdf (pdf 14 pages, 129 ko). Télécharger
432 pages, 16 x 24 cm, broché
0,694 kg