Myrone Cuich n’est pas un inconnu dans le petit monde méritant des auto-éditeurs. Après avoir écrit plusieurs ouvrages dont le propos était essentiellement centré sur sa région natale du Nord (Mission sans retour, Armes secrètes et ouvrages mystérieux de Dunkerque à Cherbourg, Le Nord dans la tourmente, etc.), il nous présente Les Forces Aériennes Françaises Libres de 1940 – 1943, à la Renaissance de l’Armée de l’Air 1943 – 1945.
Les deux premiers tiers de l’ouvrage sont consacrés aux FAFL et le dernier tiers à la « Renaissance de l’Armée de l’Air ». Cependant, pour le lecteur insuffisamment averti, il est tentant de considérer que les unités réarmées en 1943 par la Grande-Bretagne et les États-unis faisaient partie ou auraient ensuite été assimilées de fait aux Forces Aériennes Françaises Libres du général de Gaulle : ce raccourci, pardonnable chez nos amis anglo-saxons qui voyaient un Français combattant à leurs côtés comme un « Français Libre », est beaucoup plus discutable en France, où les survivants des FAFL tiennent légitimement à leur spécificité, au fait qu’ils n’avaient pas attendu les ordres pour reprendre dès 1940 le combat contre l’envahisseur, pour leur Patrie, contre l’avis du gouvernement « légal » de Vichy asservi par les nazis, et qui les avait condamnés à mort.
Ce travail peut donc être considéré comme un hommage en général aux aviateurs de l’armée de l’Air qui se sont battus pour la libération de notre pays et en ce sens, nous saluons un ouvrage de vulgarisation qui a le mérite d’exister et de fournir une base intéressante pour des recherches approfondies.
De nombreuses photographies agrémentent l’ensemble, le plus souvent très connues mais que l’on a toujours du plaisir à revoir. Cependant, la majorité d’entre elles souffrent hélas d’une médiocre qualité de reproduction et de légendes par trop approximatives (« Pierre Clostermann sur son Tempest, sur la base allemande de Phalsburg [sic] le 27 août 1945″). Quelques clichés sont inédits, d’autres ont manifestement été retouchés sans que le graphiste et ses raisons ne soient mentionnés.
La présentation de l’auteur, à la fin du livre, précise : « Sa passion pour la France Libre du Général de Gaulle et des FAFL lui amènera une jalousie intense et de nombreux ennuis avec des adversaires de ses idées civiles et militaires. Néanmoins, pour ses très nombreux amis et lecteurs qui le soutiennent, il reste un passionné imperturbable dans le domaine de l’aviation et de la Seconde guerre » .
Gageons qu’avec cet hommage aux ailes françaises en guerre, solitaire mais sincère, l’auteur s’attirera non pas de la jalousie ou des ennuis mais bien au contraire, bienveillance et intérêt.
G-D. Rohrbacher
336 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple