L’Aéronautique navale française et les voilures tournantes, une histoire au moins aussi vieille que l’hélicoptère : dès le milieu des années trente, la Marine nationale recevait quelques autogires Cierva C.30. Mais c’est 1946 qui marque le début de l’intérêt réel pour ces machines, intérêt tellement vif qu’à la fin des années cinquante, la France se dota d’un bâtiment hautement spécialisé : le croiseur porte-hélicoptères Jeanne d’Arc. Depuis plus de 70 ans, le lien très fort entre Marine et hélicoptères n’a jamais faibli. Que ce soit en Algérie, où l’Aéronautique navale a contribué à l’élaboration de la première doctrine d’emploi des hélicoptères, sur le terrain des expériences nucléaires, sur celui de la lutte anti sous-marine, celui encore de l’assistance en mer, dans les missions d’interventions lointaines, l’hélicoptère à « cocardes à hameçon »* est partout, du Constantinois à la Bretagne, du Tchad à la Polynésie…
Il s’agit de ne pas confondre Les formations d’hélicoptères de l’Aéronautique navale avec le livre de Jean-Luc Kerdilès Histoire des hélicoptères de l’Aéronautique navale paru en 2008. L’approche en est différente. Orienté vers les unités de l’Aéronautique navale davantage que sur les appareils, ce volume vise, selon son auteur, à « servir d’aide-mémoire sur la création et l’évolution des formations d’hélicoptères de l’Aéronautique navale ». La première partie, intitulée Un passé lointain, mais fondateur, et la montée en puissance, évoque les débuts, avec les autogires, puis l’Indochine et l’Algérie ; quant à la seconde, beaucoup plus volumineuse, elle nous propose d’aborder Un passé plus récent mais néanmoins révolu. Ce découpage ne doit pas nous faire perdre de vue qu’il s’agit non d’un historique à la chronologie linéaire, mais d’une sorte de « mémorial » détaillant un à un le parcours de chacune des unités.
Cet ouvrage est tout à fait dans l’esprit des ouvrages de référence de l’ARDHAN : rigoureux, précis et détaillé, mais également accompagné d’une iconographie abondante et de qualité. Figurent également des tableaux répertoriant les commandants de flottille ainsi que des hors-texte recensant les personnels morts en service aérien commandé. Bien entendu, les annexes sont bien présentes, avec leur lot de tableaux, mais aussi avec une douzaine de profils en pleine page dus à Jean-Jacques Petit et Pierre-André Tilley.
Ce volume en deux volets sera suivi d’un second tome proposant le troisième chapitre de cette étude, abordant le présent (ou le passé très récent) des formations d’hélicoptères de l’Aéronautique navale. Comme précisé plus haut, nous sommes en présence d’un ouvrage dit « de référence », c’est-à-dire non pas d’un volume dont la lecture se déroule comme celle d’un roman, mais d’un livre auquel on se réfèrera. Nous ne reviendrons pas sur la qualité coutumière des ouvrages de l’ARDHAN, une association depuis longtemps passée maîtresse dans son activité éditrice.
Philippe Ballarini
242 pages, 21 x 29,7 cm, relié
0,943 kg
* « cocarde à hameçon » : la cocarde des appareils de l’Aéronautique navale comporte en surimpression une ancre à jas (« l’hameçon »).