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Les Géants du Ciel

Les ballons dirigeables, des précurseurs à la Seconde Guerre mondiale
Jean Molveau & Jean Bellis

 Coup de cœur 2022

 

Ce coup de cœur est un double hommage.
Il s’agit bien entendu de récompenser tout d’abord une parution remarquable.
Mais c’est l’occasion, en passant, d’honorer Philippe Ballarini, créateur de l’Aérobibliothèque et promoteur de ces « Coups de cœur », accordés avec parcimonie. C’est en effet le premier décerné après son décès, et il concerne un ouvrage que lui-même s’était réservé car le sujet l’intéressait tout particulièrement.

Dans la collection aéronautique « Histoires d’avions » créée par l’éditeur Idées Plus, le livre de Jean Bellis et Jean Molveau concerne les dirigeables, dans la période qui a été la plus riche pour ces aérostats, des pionniers jusqu’à 1940. Dans un format à l’Italienne 16 x 22 cm, en gros la taille d’un carnet de vol, à la belle et épaisse couverture cartonnée, les deux Jean suivent un rituel rigoureux, une page de textes à gauche pour Molveau, et une illustration à droite pour Bellis.

Philippe Ballarini aurait adoré la finesse de ces aquarelles, qui permettent de bien visualiser en situation les appareils, auxquels elles redonnent vie. Chacune de ces doubles pages traite d’un dirigeable particulier, d’une famille d’aérostats ou d’un fabriquant. Et pour ce qui est des firmes les plus prolifiques (Zeppelin, Astra, Lebaudy, Zodiac…), on les retrouve à plusieurs reprises au fil de l’ouvrage, en suivant un parcours essentiellement chronologique.

Pour ce qui est des textes, Philippe aurait certainement loué la base de recherches qui a dû être nécessaire. Il aurait peut-être tiqué à l’utilisation récurrente du verbe « finaliser » (1) ou à quelque petit anachronisme (2). Mais il aurait aimé l’érudition du vocabulaire (3), voire l’humour pointant parfois (4). Et il aurait apprécié le fait que cette histoire picturale ne se contente pas de parler des grandes réussites, mais cite aussi les échecs, voire parfois les simples utopies.

En passant en revue les différents constructeurs, on pointe bien entendu beaucoup de réalisations françaises, mais on voyage également aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Belgique et en Russie. Pour ce qui est de cette dernière, il est mentionné une fabrication à Kharkov, dans ce qui sera alors la future Ukraine, ce qui se révèle d’une poignante actualité. On découvre aussi mentionnés ces hangars rotatifs ou flottants, permettant de toujours laisser l’aérostat protégé sous le vent de son abri.

C’est donc au bilan un bien bel album, disponible pour un prix raisonnable, qui nous permet de découvrir des pans de l’histoire aéronautique souvent traités avec légèreté. Nous aurions été bien d’accord avec Philippe Ballarini pour lui attribuer ce coup de cœur 2022.

Jean-Noël Violette

Notes :
1) Pages 6, 10, 44, 68
Finaliser : En français, le mot serait apparu en 1936 pour signifier « donner un but à… ».
C’est en anglais qu’il a pris son sens actuel, re-francisé dans le jargon d’entreprise (mettre au point, finir, terminer, achever, parachever…).

2) Page 32, Zeppelin LZ-1 (1900) :
« Le LZ-1 inaugure les fondamentaux de la technologie Zeppelin : structure […] en duralumin… »
Léger anachronisme car le Duralumin a été découvert par Alfred Wilm un peu par hasard en 1903, et commercialisé en 1908.

3) « propriétés osmotiques » par exemple.

4) page 14, paronomase sur une homonymie : « Porter, le porteur du projet… »

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128 pages, 16 x 22 cm, relié, couverture cartonnée
0,440 kg

En bref
Idées + ISBN : 978-2374700-59-5 Prix : 16 €