On l’oublie parfois, les compagnies aériennes sont le fait de gens qui, à terre ou dans les airs, font profession (de foi ?) de transporter d’autres gens par la voie des airs. Ces compagnies naissent (parfois sur les cendres d’autres compagnies), vivent, et hélas finissent parfois par mourir… pas nécessairement de leur belle mort, technocratie aidant. En 1992, à l’âge de 47 ans, UTA (Union de Transports Aériens), société à participation ouvrière, héritière de UAT et de TAI, baissait son pavillon et se faisait absorber par Air France.
Les chants désespérés n’étant pas nécessairement les chants les plus beaux, Claude Bossu, Président de l’Amicale UTA, aurait pu nous gratifier d’un ouvrage nostalgique, larmoyant ou récriminatoire… mais s’en est judicieusement abstenu. Le livre se lit comme un roman, à ceci près qu’il se pare des vertus de l’exactitude. UTA, qui s’était faite championne de l’innovation, en digne héritière des compagnies des années trente dont elle descend en ligne directe, valait plus qu’une messe : Les grandes heures de UTA est une solide mine de renseignements, soigneusement compilés et ordonnés, enrichie d’une abondante iconographie (photos en « bleu et blanc »), de tableaux, et de nombreux hors-texte.
Au-delà de la seule histoire de UTA (ce qui ne serait, reconnaissons-le, pas si mal), ce sont les vicissitudes et les espoirs de toute l’aviation commerciale française de la seconde partie du XXe siècle qui sont évoqués dans ce livre dont il serait dommage qu’il passe inaperçu : les associations éditent parfois de petits bijoux riches d’informations. À la lecture de cet ouvrage, on se prend à rêver : si chaque compagnie aérienne française nous était narrée de telle manière, combien riches seraient nos bibliothèques !
Philippe Ballarini
292 pages, 15,5 x 24 cm, couverture souple pelliculée.
– Le site de l’Amicale UTA