Il n’est nul besoin de rappeler la pertinence, voire l’importance de ces ouvrages, souvent d’un volume peu important, qui sont réalisés par des chercheurs amateurs, soucieux du détail, et qui apportent un éclairage sur des faits méconnus de l’histoire de l’aéronautique.
Dans ce petit livre d’une centaine de pages, Gilbert Aubrée entend attirer l’attention de son lecteur sur plusieurs de ces faits. En particulier, l’action cruciale et très méconnue du Médecin-général André Robert dans l’acquisition puis la mise en service des deux premiers hélicoptères utilisés au bénéfice du Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient, avec divers faits en relation avec cette question.
L’auteur revient aussi sur différents chapitres de la geste des hélicoptères dans l’Armée de l’Air, et s’attache à rendre l’hommage qui est dû à des acteurs d’exception, souvent presque anonymes. On peut citer en particulier Henri Bernard, pilote dont le S-55 a été abattu lors de la dernière tentative d’évacuation sanitaire en hélicoptère depuis Dien Bien Phu. Lui-même blessé, il a sauvé la vie de son chef de bord, l’Adjudant-chef Henri Bartier, que l’on connaît comme le sous-officier le plus décoré d’Indochine.
En cela, ce livre est sans nul doute précieux. Plus qu’un livre de mémoires comme le postule son sous-titre, c’est sans nul doute un livre de mémoire.
On peut par contre s’avouer surpris de constater que l’auteur utilise telle quelle, dans un de ses chapitres, une source pour le moins peu précise… En l’espèce, le livre de l’un des acteurs des débuts de l’hélicoptère militaire en France, Sir Alan E. Bristow. Dans les mémoires qu’il a publiées en 2009, ce grand pionnier de la giraviation britannique aborde son action en Indochine, où il avait été envoyé par Henry Boris, dirigeant d’Hélicop-Air. Il y donne divers détails dont certains semblent sujets à caution, et ne cite aucune date*. Les souvenirs anciens sont ce qu’ils sont, pour nous tous… Pour importantes qu’elles puissent être, les informations puisées à cette source auraient mérité un recoupement minutieux avec d’autres sources primaires, pour éviter l’imprécision et les erreurs qui parsèment ce chapitre.
Mais cela ne suffit pas à dénaturer l’ouvrage. Pour un prix très modique, ce livre édité par deux associations d’anciens hélicoptéristes de l’Armée de l’Air, fait œuvre de préservation de la Mémoire, et apporte bon nombre d’informations qui enrichiront la vision de ses lecteurs. Avec les réserves émises, on ne peut qu’en recommander la lecture.
Philippe Boulay
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96 pages, 15 x 21 cm, broché
Droit de réponse de l’auteur :
– Dans le cinquième paragraphe, manque de datation des passages d’Alan Bristow à Saïgon : voir les passages en italique des pages 24, 25,26 et 27.
– Souvenirs anciens : les « anciens » ont fourni ces informations à partir de leurs carnets de vol, écrits et souvenirs.
Sommaire :
– Préface du général (2S) Didier Carré, président de l’AHA
– Préface du général (2S) Philippe Carpentier, président de « Les Amis du Pyrénées »
– Introduction
– Médecin général inspecteur André Robert
– Commande des premiers hélicoptères
– Henry Boris – Hélicop-Air
– Premières récupérations par hélicoptère
– Henri Bernard prisonnier de guerre
– Mécaniciens en renfort des navigants
– Personnalités particulières
– Création de l’hélicoptère armé
– Henri Teyssonneau disparu au Congo
– Pierre Sudre disparu au Gabon
– Médecin Général Claude Chippaux
– Le sauvetage par hélicoptère
– Souvenirs tchadiens
– Aléas mécaniques
– Exploits de mécaniciens
– Laos – Algérie -Tchad