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Les hommes de la Lune

et les enfants de la génération Apollo
Alain Cirou et Jean-Philippe Balasse

À l’occasion du cinquantième anniversaire des premiers pas de l’homme sur la Lune, il pleut des quantités de livres abordant le sujet, de près ou de loin. La crainte d’avoir à lire et commenter des ouvrages qui se ressemblaient tous fut vite dissipée, car ces livres présentent de profondes différences d’approche. La palme de l’originalité pourrait revenir aux Éditions du Seuil avec Les hommes de la Lune, d’Alain Cirou et Jean-Philippe Balasse. En effet, si en couverture trône l’incontournable trio de la mission Apollo 11, dès que l’on ouvre le livre pour le feuilleter, on comprend que le sous-titre et les enfants de la génération Apollo revêt une importance certaine. En effet, on peut sursauter et se dire « Enki Bilal, Hubert Védrine, Jean-Michel Jarre, Daniel Cohn-Bendit… Mais que font-ils là ? »

Pas d’inquiétude néanmoins. Ces témoignages ne prennent que quelques pages et sont utiles, dans la mesure où ils permettent de mieux comprendre comment a pu être vécu l’événement, ceci dans des milieux différents. Certains chapitres sont également enrichis d’articles Que sont-ils devenus ?, où apparaissent bien évidemment Armstrong, Aldrin et Collins, mais également — et c’est loin de manquer d’intérêt — quelques personnes bien moins connues, mais indissociables de l’aventure Apollo. Qui se souvent (ou qui a entendu parler) de Katherine Johnson, une étonnante mathématicienne qui était déjà là pour les vols d’Alan Shepard (1961) et celui de John Glenn (1962) ?

Trois grandes parties et une annexe pour cet ouvrage :
L’Amérique décroche la Lune En trois volets, l’essentiel de la mission Apollo 11 nous est rapporté. À noter un chapitre consacré au « troisième homme », celui dont on parle si peu. Mike Collins eut un rôle ingrat et frustrant : demeurer en orbite autour de la Lune et servir de « chauffeur » à ses deux compagnons.
L’aventure Apollo. Apollo 13 et le célèbre (mais erroné) « Houston, we have a problem  », puis Apollo 14 qui efface l’échec de la mission précédente. Puis, avec Apollo 17 et Eugene Cernan vient le tour du dernier humain à poser le pied sur le sol lunaire. Quatrième chapitre de la seconde partie : flashback sur un artisan majeur du programme en la personne de Wernher von Braun, ingénieur allemand « récupéré » par l’US Army dans le cadre de l’opération Paperclip.
– Mais voilà. L’aventure lunaire ne se résume pas aux missions US. Les Soviétiques qui, au début de la conquête spatiale, ont à plusieurs reprises damé le pion à l’oncle Sam (en particulier avec Spoutnik 1, Laïka, Youri Gagarine et Valentina Terechkova) , avaient eux également considéré cette aventure lunaire comme une compétition. Cette troisième partie, L’URSS, dans l’ombre de la Lune est peut-être la plus intéressante, car elle évoque les démarches soviétiques pour demeurer les premiers. C’est ainsi qu’est rappelé Alexeï Leonov, le premier « marcheur de l’espace », qui était pressenti pour être le premier Soviétique à marcher sur la Lune. Apparaît également un engin rarement mentionné, mais qui, selon Moscou, aurait dû être présent sur la Lune pour accueillir les astronautes américains : le Lunakhod, « astromobile » soviétique. Enfin, cette troisième partie se termine sur un personnage dont l’anonymat ne fut levé qu’à son décès en 1966, Sergueï Korolev, père de l’astronautique soviétique.

Après avoir abordé, de façon assez classique, l’éventuel avenir de la Lune en tant que base spatiale sur la route de Mars, les huit pages d’annexes traitent, de façon assez inattendue (mais brève) du prix du programme Apollo ainsi que des « complots lunaires » qui pullulent sur Internet.

La mise en page est élégante, l’iconographie sélectionnée avec soin. Tranchant avec les ouvrages technico-historiques souvent arides, Les hommes de la Lune ne se veut pas exhaustif. À prendre essentiellement comme un livre-souvenir qui place l’humain au centre de la conquête spatiale. Clairement atypique sans pour autant être fantaisiste, il capte l’attention dès l’ouverture. À mettre entre toutes les mains pour une approche sans austérité de la course à la Lune.

Philippe Ballarini


212 pages, 22,2 x 28,5 cm
1,125 kg


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Seuil

ISBN 978-2-02-108070-4

34,90 €