Jean Mermoz, Raymond Vanier, Gaston Vedel, Henri Guillaumet
Antoine de Saint-Exupéry, Henri Delaunay, Marcel Moré, Joseph Kessel…
Que ce soit en termes de qualité d’écriture, de connaissance des « choses de l’air » ou de passion pour l’aéronautique, Germain Chambost n’a rien à prouver. Il aurait pu se lancer dans une énième Histoire des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale ; il a choisi de laisser la parole à des témoins de cette palpitante histoire. Connaissant sur le bout des doigts les livres où il convenait de choisir les chapitres les plus évocateurs, il les a parcourus à nouveau, en extrayant les éléments qui composent cet ouvrage.
Certes, les volumes traitant de l’Aéropostale, de Saint-Exupéry, des lignes Latécoère, etc. sont bien une quarantaine à avoir vu le jour en une dizaine d’années. Alors ? Un de plus ? Pas vraiment. Celui-ci, sous une allure anodine, apporte, par ses auteurs, un regard différent et puissamment historique sur ce qu’il faut bien considérer comme une folle entreprise au destin tragique. Nous devons savoir gré à Germain Chambost d’avoir eu la modestie de s’effacer devant les grands anciens et de leur avoir redonné la parole, que ce soit aux plus célèbres, tels Mermoz ou Kessel, ou à d’autres, plus obscurs, qu’ils soient radio-navigateurs, mécaniciens… ou le « pilote oublié » Gaston Vedel.
Cet ouvrage savoureux est enrichi en annexe d’une liste qui fait frémir : celle des 101 morts en service aérien entre le 2 octobre 1920 et le 7 décembre 1936, assortie des circonstances de leur fin. On y trouve également, année par année, la liste des pilotes des Lignes Aériennes Latécoère et de l’Aéropostale (dont on sait gré à Germain Chambost de ne pas faire l’habituel amalgame) ainsi que celles des mécaniciens et des radios.
Dernière surprise : le nombre de pages : ce livre de dimensions modestes (2,7 cm d’épaisseur) contient pas moins de… 784 pages. Vous avez bien lu : presque 800 pages ! Certains éditeurs auraient invité Germain Chambost à « dégraisser » l’ouvrage, tandis que d’autres en auraient profité pour éditer un tel livre en deux ou trois volumes. Les Éditions Omnibus ont opté pour la plus élégante des solutions : imprimer sur un papier très fin (mais néanmoins suffisamment robuste) pour que l’ensemble tienne en un volume unique (d’ailleurs proposé à un prix très raisonnable).
Il n’est pas nécessaire d’être un monomaniaque de l’Aéropostale pour se plonger dans cette passionnante lecture : le goût de l’aventure humaine suffira amplement. Un livre à la fois captivant et enrichissant, à ne pas manquer.
Philippe Ballarini
784 pages, 13,2 x 19,8 cm, couverture semi-rigide à rabats