Vous êtes ici : Didactique & Technique   

Les moteurs d’aviation – 1917

Camille Martinot-Lagarde, préface de Philippe Wodka-Gallien

Regards croisés : deux regards différents pour un même ouvrage.

Le commentaire d’Alain Breton
Le commentaire de Jean-Noël Violette

Autant le dire tout de suite, l’ouvrage de Martinot-Lagarde est un « must have« , un ouvrage de référence pour qui veut connaître la technologie des moteurs d’avions à la veille de la guerre de 1914. Une connaissance qui n’est pas évidente tant les choses ont évolué depuis et tant elles diffèrent maintenant de ce qui était le nec plus ultra il y a 110 ans. Ici nous sommes servis, et les bases théoriques comme pratiques nous sont généreusement exposées et expliquées, dans une langue claire et limpide, celle qui fut longtemps le mode d’expression de la diplomatie de la terre entière.

Mais les premières pages qui tombent sous les yeux du lecteur sont celles d’une introduction moderne dont, pour ma part, j’ai eu peine à déchiffrer les intentions. Elle commence par une brève exposition historique des débuts de l’aviation, ce qui pourrait constituer une mise en perspective de l’apport considérable de l’ouvrage sur le plan technique, si la suite suivait…. Malheureusement, celle-ci se ramène à une série de sauts chronologiques peu justifiables…

L’un des sauts les plus contestables est celui qui passe sur Hispano-Suiza pratiquement sans l’effleurer, et retombe sur le Liberty… Difficile de comprendre comment le motoriste franco-espagnol a pu passer sous le radar du préfacier, qui signale par exemple que la France a produit 92.000 moteurs durant le conflit, en oubliant que plus de 50.000 étaient des Hispano ! Omission d’autant plus regrettable quand on sait le rôle que joua Martinot-Lagarde dans la promotion de ce moteur conçu outre-Pyrénées mais rapidement importé, construit et développé en France.

Quand à l’atterrissage de ce saut malvenu, il se fait sur le Liberty, qui est au propos de l’auteur de 1914 ce que Mac Donald est à la gastronomie (outre le fait qu’il était une vraie bouse, malgré la fierté qu’en tirent les Yankees. Je parle du Liberty, bien entendu). En effet, un des éléments qui saute aux yeux du lecteur quand il aborde enfin le texte de Martinot-Lagarde, c’est le côté clairement franco-français de son propos ! Mais nul esprit franchouillard en cela, tout simplement l’illustration d’une réalité : au début des années 1910, notre pays est absolument à la pointe du progrès aéronautique et en maîtrise toutes les facettes – il suffit de se rendre à Hendon pour comprendre à quel point l’aviation militaire anglaise de 1914 est… française.

J’en reviens à Hispano dont l’omission masque aussi un virage sous-jacent dans le corps de l’ouvrage, c’est qu’au moment de sa rédaction l’auteur « roule » clairement pour le rotatif, alors qu’en 1915 un voyage à Barcelone sera son chemin de Damas, si l’on peut dire ! Un bref paragraphe biographique sur Martinot-Lagarde aurait peut-être permis de le rappeler.

Mais, je le répète, ces quelques babioles ne sont que peu de choses par rapport à l’intérêt de ce texte majeur que sa réédition met à la portée de tous les fanatiques de pistons, soupapes et autres vilebrequins…

Alain Breton


Cet ouvrage est un bond dans le temps. Nous sommes alors en 1917, en plein conflit mondial. Le capitaine Camille Martinot-Lagarde (futur Ingénieur général de l’aéronautique), qui avait fait publier, six ans plus tôt, un livre sur les moteurs d’avions, en propose une nouvelle édition, mise à jour et enrichie par les fulgurants progrès de leur application guerrière. L’auteur développe tout d’abord les exigences générales que l’on attend d’un moteur d’aéronef :
– grande puissance massique ;
– robustesse ;
– équilibrage des forces d’inertie;
– constance du couple moteur ;
– économie et souplesse ;
– réduction de la résistance à l’avancement ;
et ce que chaque point implique au niveau des solutions techniques.

Puis, il nous présente les différents types de moteurs d’avions, caractérisés par la disposition de leurs cylindres. C’est la partie la plus importante, un catalogue très complet pour l’époque, environ la moitié du document.
C’est à la fois passionnant techniquement et empreint d’un charme suranné très « fin de Belle époque », par le texte et par les illustrations..
La nouveauté 2023, c’est de nous en proposer le fac-similé, sur un papier légèrement bouffant qui contribue à ce voyage dans le temps.
Il ne manquerait plus que l’odeur de l’huile de ricin chaude, et l’illusion serait parfaite.

Cet ouvrage historique nous est présenté par Philippe Wodka-Gallien, membre de l’Institut français d’analyse stratégique, par une longue préface de 26 pages. Ce prologue est schématiquement composé de trois partie. Nous avons tout d’abord une présentation de l’histoire de l’aviation jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale vue par le petit bout de la lorgnette d’un motoriste. Nous découvrons ainsi une originale et intéressante façon de voir les choses. Puis, un paragraphe traite des rapports entre l’aéronautique, ses moteurs et les grands peintres du début du XXe siècle. Enfin, le dernier paragraphe résume à grands traits l’évolution des moteurs lors des cent années suivantes, jusqu’à nos jours, avec une ouverture vers le futur très « dans l’air du temps » : émissions de carbone, réchauffement climatique, renouvellement de la technologie, carburants nouveaux, etc.

Jean-Noël Violette


242 pages, couverture souple, broché
15,5 cm x 22,5 cm

Ouvrages édités par
Ouvrages de
En bref

19€

Editions Decoopman

ISBN 978-2-36965-152-9