En mai 1948, dès le début la guerre d’indépendance d’Israël, l’état juif a pu compter sur un embryon d’aviation militaire. En secret, les agents de la Haganah, en particulier, s’étaient activés pour recruter des pilotes et acheter quelques avions de combat en surplus. Par une des plus effarantes ironies de l’histoire, ce sont à des Avia S-199, avatars de Messerschmitt Bf 109 et appareils tchécoslovaques médiocres, que revinrent les premières missions offensives des ailes israéliennes… Les subterfuges utilisés par les agents israéliens pour acquérir ces avions, bombardiers, chasseurs ou transporteurs, et les convoyer sont d’ailleurs dignes des plus grands romans d’espionnage.
Si l’ouvrage se consacre essentiellement aux chasseurs de l’escadrille 101, « Premier Escadron de Chasse », qui vola sur la courte période que couvre le livre sur les S-199, mais aussi sur Spitfire et P-51 Mustang, les missions effectuées par les B-17 et les avions de transport ne sont pas oubliées. L’aspect politique et le contexte de l’époque est également, et fort heureusement, très bien relaté au long des aventures de ces pilotes. On note, par exemple, que David Ben Gourion, premier ministre du jeune pays, est un personnage très présent au fil du récit. Car ce sont bien les hommes qui sont au cœur de ce livre.
Pour la plupart, ces pilotes étaient des vétérans alliés de la Seconde Guerre Mondiale. Ils venaient de l’US Air Force, de la Navy, mais aussi de la RAF et des autres aviations du Commonwealth.
Ce sont ces profils si disparates qui font de cette escadrille une unité à part dans l’histoire de l’aviation militaire. Si certains étaient de vrais mercenaires, venus là pour le goût du combat et l’appât du gain, ils étaient bien minoritaires au regard des autres pilotes, véritables aventuriers juste en quête d’une nouvelle cause à défendre, la fin de la guerre les ayant renvoyés à des vies civiles bien fades désormais. Cette galerie de personnages étonnants est l’un des grands intérêts de cette histoire, nonobstant les enjeux géopolitiques de ce court conflit aux conséquences toujours sensibles aujourd’hui.
Dommage que quelques erreurs de traduction gâchent un peu la fête (du kérozène pour les moteurs à pistons, vraiment ?) et que l’auteur ait tendance à vendanger un peu le suspens de certaines anecdotes mais ce sont là les seuls petits reproches qu’on peut faire à ce livre. Il manque aussi, peut-être, un cahier photos pour compléter le texte.
En dehors du récit mené avec beaucoup de talent, on note des annexes très riches les biographies des principaux protagonistes et d’innombrables sources bibliographiques.
Oscillant donc entre le romanesque et l’historique académique cet ouvrage s’avère très agréable à suivre et particulièrement instructif autour d’une histoire aéronautique aux enjeux uniques !
Frédéric Marsaly
432 pages, 15 x 23 cm, broché
0,550 kg