Michel Novalski est coordonnateur de vol à Roissy. Au travers d’expériences vécues de son quotidien, il vient nous raconter de savoureuses anecdotes du transport aérien, dans les coursives du grand aéroport parisien, au sol ou dans les airs. Avec lui nous apprenons comment s’occuper des cas particuliers que sont les WCMP, les WCBD, les WCBW, c’est-à-dire les PHMR qui embarquent pour BIQ, MUC ou DUB lors d’un transit en TTM. Nous voyons comment un coordo de CDG prépare les TAF, TEMSI et METAR pour le CdB, comment il vérifie la PIL avec les PNC avant un départ pour TRN ou LFW, quels peuvent être ses rapports avec une CC couvant ses UM ou avec les VIP, comment il traite avec la GTA ou les Ops, comment les PNT gèrent une MEL lors d’un vol à destination de AGP ou de BCN, comment un appareil peut être AOG à NCL, LCY ou EDI. On comprend pourquoi les bags des PAX peuvent disparaître. Nous découvrons la vie pas si rose des PNC, du passage initial de leur CFS/CCA à leurs longues heures en STDBY. Et rassurez-vous, vous apprendrez aussi les BLS, NSH, CNT, FMM, NOTOC et bien d’autres.
On notera peut-être une certaine propension de l’auteur à user, si ce n’est abuser, des abréviations, sigles et acronymes. Mais il est certainement rassurant, lors d’une telle immersion dans un petit univers, d’apprendre les codes et le jargon d’un métier. À souligner, pour compenser, l’utilisation d’un très joli « vol survendu » page 257, qui nous change d’un « surbooking que l’on aurait pu craindre.
Le côté « coordonnateur », habitué aux check-lists et aux opérations bien ordonnées transparaît également dans l’organisation de l’ouvrage. Au fil de sept parties (dans le cockpit, sur la piste, etc.) des courts récits de deux ou trois pages sont alignés comme à la parade, et chacun d’eux est composé sur un schéma immuable. L’auteur commence par nous présenter les contraintes de son métier ou de ceux de ses collègues, les qualités demandées, les défauts à éviter et un aspect technique et/ou humain qui sert d’introduction : la perte ou le retard des bagages, le centrage, la politesse, les bizutages, la goujaterie, le racisme, les passagers handicapés, etc. avant d’enchaîner sur une anecdote.
À noter, dans la septième partie traitant des personnalités des affaires ou du show-biz rencontrées, cette édifiante arrivée de Jean-Cyril Spinetta, alors président de notre compagnie nationale, entouré de l’aréopage de ses courtisans, qui ne manque pas de résonner avec un rapport du même personnage sur le transport ferroviaire dont il est beaucoup question en ce début 2018.
Les relations humaines et professionnelles occupent le premier plan, les avions ne servent que de toile de fond, et d’ailleurs très peu sont cités par leurs noms de constructeur et de modèle, se cachant simplement devant un type plus générique « un biréacteur », « un quadriréacteur », « un bimoteur à hélice ». Seuls font exception le Concorde, avec sa cote d’amour toujours élevée, et un Boeing 737 dont nous apprenons avec surprise page 189 qu’il permet de gérer 360 passagers* ! Surprenants, ils le sont aussi ces cumulonimbus de la page 87 qui peuvent monter à 18 000 ou 20 000 m aux alentours de Turin* !
Malgré ces quelques erreurs et approximations, et même si ce n’est peut-être pas le prochain prix Goncourt que vous avez entre les mains, c’est certainement le moyen de passer un bon moment à vous divertir, et à apprendre, outre du vocabulaire, plein de petits détails sur ce qui se cache autour d’un vol, mais aussi sur la nature humaine, en somme tous ces petits Secrets de Roissy que l’on apprécie de découvrir.
Jean-Noël Violette
* Suivant ses versions, le Boeing 737 peut embarquer entre 85 et 215 passagers.
* 20 000 m, c’est une altitude envisageable sous les tropiques ; difficilement dans la plaine du Pô.
277 pages, 20 x 24 cm, couverture souple
0,440 kg