Les victoires de l’aviation de chasse britannique Tome 1

10 mai – 23 mai
Arnaud Gillet

Riche en informations, impressionnant et donc unique ! Ce sont mes premières impressions quand j’ai parcouru ce livre pour la première fois. Après les victoires de l’armée de l’Air, Arnaud Gillet entreprend d’étudier celles de la RAF pendant la bataille de France (et accessoirement celles remportées en Norvège et celles remportées à partir de Grande-Bretagne), ce premier volume s’étalant de la période allant du 10 et le 23 mai. Même les Britanniques n’ont jamais eu le temps ou le courage de s’attaquer à ce thème ardu. En effet, c’est la première fois qu’un ouvrage traite dans sa globalité des victoires de la RAF pendant ces jours terribles de mai et juin 1940. Cela tient du fait que beaucoup d’archives ont été détruites au moment de la retraite ou du rembarquement, rendant très difficiles les travaux de recherche et donc de synthèse ; cependant, l’auteur à réussi une épreuve de force en écrivant ce livre, rendu possible entre autre à la consultation de cartons d’archives (les AIR35 pour les spécialistes) qui couvrent cette période, et jusque là très peu (voire pas du tout) exploités pour je ne sais quelle raison, et qui viennent combler en grande partie ces destructions. Le résultat est très impressionnant de précision (avec photos quand c’est possible et cartes), d’autant, comme pour les précédents volumes, il recoupe les victoires avec les pertes allemandes. On peut d’ailleurs constater que le Spitfire marquait déjà les esprits des aviateurs allemands, en particulier des mitrailleurs, qui ont souvent identifié ces derniers alors que la quasi totalité des victoires sont à créditer au Hurricane à cette époque. Manifestement, en ce mois de mai, les Allemands redoutaient déjà le Spitfire… la propagande britannique avait dû passer par là avant la guerre.

Les annexes sont aussi très intéressantes, car l’auteur met en opposition les résultats de la chasse française avec ceux de la RAF. Il devient évident à la lumière de ces chiffres que la RAF, avec le peu d’unités présentes sur place, a été bien plus efficace que l’armée de l’Air.

C’est un ouvrage sans concession ni parti pris, car même le sort de quelques infortunés équipages allemands lynchés ou froidement exécutés soit par la population civile soit par les soldats français sont développés dans le moindre détail (même si certaines pages des rapports de gendarmerie ont mystérieusement disparu dans certains cas !)

Si mon adhésion est totale sur le fond, mes critiques iront plus sur la forme. La densité des informations est telle, qu’une présentation plus aérée aurait facilité une recherche rapide de tel ou tel combat ainsi que sa lecture, rendant de surcroît plus aisée l’appréhension de la notion d’espace-temps pour cette période riche en événements. Le répertoire des chapitres et sous-chapitres, très juridique dans sa présentation, n’est peut-être pas non plus la forme idéale pour ce genre d’ouvrage. Cependant, ces défauts ne constituent pas, à mon sens, un frein à l’acquisition de cet ouvrage.

Ce qui est sûr, c’est qu’Arnaud Gillet a ajouté dans l’histoire de l’aviation une pièce qui était manquante il y a encore peu de temps ; beaucoup, même Outre-manche, se réfugiaient parfois derrière la prétendue perte des archives pour pouvoir raconter ce qu’ils voulaient, sachant qu’il serait difficile de les contredire. Après ce livre, il sera aventureux de faire de même sans perdre une partie de sa crédibilité. On ne peut que saluer sans réserves cette initiative courageuse et féliciter l’auteur pour son travail.

Philippe Listemann


430 pages A4 (21 x 29,7 cm), couverture souple

Les autres ouvrages de la collection « La Luftwaffe à l’Ouest »

En bref

Arnaud Gillet autoéditeur

70 €