Arnaud Gillet continue sa quête de vérité avec cette suite logique et attendue du précédent volume traitant de la période allant du 10 au 23 mai. Cette fois, il traite de la période allant du 24 mai au 4 juin, couvrant ainsi l’épisode de Dunkerque, cette fameuse « victoire » qui cache en fait une douloureuse et très lourde défaite. Si les combats enregistrés au cours de l’évacuation de Dunkerque constituent le gros de l’ouvrage, les victoires de la RAF en Norvège et ailleurs en France ne sont pas oubliées même si elles sont plus anecdotiques au regard aux événements qui se sont déroulés à Dunkerque.
Avec un sérieux toujours irréprochable, et en consultant des archives auxquelles on ne penserait pas dans un premier temps — comme celles de la Royal Navy très présente au large des côtes dunkerquoises — l’auteur a reconstitué au plus proche de la réalité les combats de cette période particulièrement dense que se soit d’un point géographique que temporel. Ce travail a été accompli en sachant que beaucoup de documents d’époque ont été détruits, soit volontairement lors des retraites successives des unités de la RAF, soit perdus en mer, à bord des navires de Sa Majesté qui ont été coulé par la Luftwaffe.
C’est un travail de fourmi qui offre une base de données incontournable. Avec le troisième et dernier volume à venir (du 5 juin jusqu’à la fin de la bataille de France), Arnaud Gillet aura constitué sur les chasses française et anglaise une référence de premier plan, sinon LA référence dont on pourrait difficilement aujourd’hui se passer pour étudier cette période qui est par ailleurs à bien des égards traumatisante — surtout pour la France — et sujet à plusieurs controverses encore aujourd’hui. Bien sûr, il se peut que l’on trouve à redire ici et là sur telle ou telle revendication, une erreur étant toujours envisageable, mais même cela devait s’avérer, il faudrait garder à l’esprit que beaucoup de documents ont été perdus ou détruits, ce qui ne remettrait en cause l’ensemble de l’ouvrage pour autant. Dans ma précédente recension, j’avais émis des réserves sur la présentation pas toujours claire, mais cette dernière a été revue et est désormais plus lisible dans cet ouvrage. Il faut aussi noter une bonne recherche iconographique, avec en plus de nombreux extraits des films des ciné-mitrailleuses, à partir desquels on été attribués les victoires ; la plupart sont publiés pour la première fois.
L’analyse finale proposée n’engage bien sûr que son auteur, et chacun pourra tirer à sa guise ses proches conclusions. Mais en tout état de cause, avec ce livre, on en sait davantage sur ce qui s’est passé au-dessus de Dunkerque pendant ces quelques jours critiques.
Philippe Listemann
450 pages A4 (21 x 29,7 cm), couverture souple – 400 photos
– Les autres ouvrages de la collection « La Luftwaffe à l’Ouest »