Avec les tomes 1 et 2 de son œuvre Les Victoires de l’Aviation de Chasse Française, Arnaud Gillet s’est attelé à la lourde et difficile tâche de faire la lumière sur les performances au combat de la Chasse française. Le troisième opus est désormais disponible, sous le titre La Luftwaffe à l’ouest et couvre la période de la Bataille de France proprement dite, à savoir du 5 au 24 juin 1940, après que les Allemands aient fini de s’essuyer la bouche d’avoir mangé un peu vite le fer de lance de la stratégie alliée, assaisonné de quelques neutralités.
Avec la méticulosité de la recherche propre à son travail, Arnaud Gillet fait ici le bilan le plus cru possible des victoires françaises en les confrontant aux statistiques des pertes allemandes. Ce bilan est superbement présenté dans une mise en page riche dotée d’une iconographie de premier choix.
La qualité de la forme introduit d’ailleurs la qualité du fond. Avec les trois tomes de ce travail, Arnaud Gillet installe ici une borne incontournable sur la route de l’analyse historique de la campagne de l’Ouest en Mai-Juin 1940. On ne peut le nier, cette campagne porte en elle son lot d’interrogations et de doute. Le rôle de « la meilleure armée du monde » et son effondrement en deux mois de combats déchaîne les passions et les fantasmes, au sens psychologique du terme. Dans la curée au coupable, l’honneur de la jeune armée de l’Air sera accusée d’une incompétence et d’une inefficacité pendables et paiera (et, d’une certaine manière, continue de payer) cher la défaite d’une nation entière. L’auteur offre donc ici une réponse très documentée, et sans doute un peu définitive, sur les victoires de la Chasse française, loin des mythes et des accusations erronées.
Est-ce à dire que le débat sur l’armée de l’Air en 1940 est clos ? Certes non, car le chiffre des victoires n’est qu’une seule des nombreuses données à prendre en compte pour évaluer les performances de l’aviation de chasse, au rang desquelles la doctrine, le taux de sortie des avions, les performances techniques, la formation et l’entraînement des navigants, les systèmes de communication et de détection et même la protection-défense des bases aériennes. Mais à l’instar de l’œuvre de Paul Martin sur les pertes de l’aviation française, l’excellent travail d’Arnaud Gillet est désormais à prendre en compte très sérieusement dans ce débat nécessairement assorti de polémiques.
Tim Larribau
196 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple.
Le tome I (10 mai – 15 mai 1940) et le tome II (16 mai-15 juin 1940) sont également disponibles auprès de l’auteur-éditeur.
– Les autres ouvrages de la collection « La Luftwaffe à l’Ouest »