Version traduite, annotée et commentée par Alexis Rousselot.
Ce titre peut laisser perplexe. Romantique ? Vraiment ? Il est la traduction du titre original « La romantica Squadriglia ». Justement l’expression italienne « Traduttore, traditore » signifiant littéralement « Traducteur, traître », soit « traduire, c’est trahir » exprime parfaitement les dangers d’une telle entreprise. Aurait-il fallu traduire Squadriglia par « escadrille » ? L’enjeu est ailleurs, et Alexis Rousselot réussit ici à mettre à la portée d’un lectorat francophone tout un pan ignoré de la guerre aérienne de la Seconde Guerre mondiale.
Le sous-titre est « Souvenirs d’un pilote de chasse italien durant la campagne d’Afrique orientale (1940-1941) », et cela présente clairement le sujet de cette autobiographie. Un court avant-propos du traducteur laisse la place à 70 pages sur la campagne d’Afrique orientale, avec des cartes de la région, un état des lieux politique et stratégique, et les grandes phases de cette campagne méconnue. Le récit de Corrado Ricci débute à la page 78 et dure plus de 250 pages. L’impression en double interligne étonne à l’ouverture de l’ouvrage, mais ne constitue pas un problème, voire même repose un peu les yeux. Quelques illustrations en noir & blanc illustrent çà et là les mots du pilote italien, mais comme elles sont imprimées sur le même papier que le texte, cela ne leur rend pas hommage. Il s’agit uniquement de photographies d’avions ou de lieux, de situations (villes en plein bombardement), et il est finalement dommage de ne pas y trouver de portraits des protagonistes évoqués au fil des pages. Il n’est pas non plus précisé si le pilote figurant sur la couverture est bien Corrado Ricci, ce qui semble probable. Il est le seul visage humain visible dans tout le livre.
Une centaine de notes de bas de page agrémentent le récit original, certaines très volumineuses. Elles complètent le texte, par exemple en identifiant les unités et pilotes ennemis impliqués dans les engagements avec la Squadriglia autour de laquelle l’histoire est articulée. Alexis Rousselot n’hésite pas, dans certains cas, à contredire la publication initiale quand rien ne correspond du côté allié, tout comme il reconstitue aussi bien que possible, en fonction des archives et des renseignements existants, des combats aériens opposant les Fiat CR.32 et CR.42 aux Gladiator et Hurricane. On ne peut que regretter que la vie du pilote italien ne soit détaillée que sur huit lignes seulement en dernière page.
Par son style assez frais, complété par une présentation et des notes pertinentes, ce livre procurera à ses lecteurs un très agréable moment tout en les éclairant sur un théâtre d’opérations méconnu et une armée de l’air italienne sur laquelle les clichés se sont souvent accumulés. Ce récit à la première personne ouvre vraiment les yeux et réhabilite ces pilotes et ces mécaniciens jetés dans cette fournaise africaine.
Jocelyn Leclercq
340 pages, 14,8 x 21 cm, broché
0,570 kg
– Aperçu consultable au format pdf