Vous êtes ici : Non classé   

L’étrange voyage de Rudolf Hess (mai 1941)

Le secret le mieux gardé des services de renseignements britanniques
Martin Allen

Ouvrage épuisé
Ce livre a fait l’objet d’une réédition chez Perrin, dans la collection Tempus

Le 10 mai 1941, Rudolf Hess, compagnon de route de Hitler, édile du régime nazi dont il fut l’un des artisans majeurs, décollait d’Augsbourg à bord d’un Messerschmitt Bf 110 spécialement équipé. Destination : l’Écosse. Objectif : rien de moins que de négocier la paix avec une faction britannique supposée « pacifiste » qui aurait été en mesure de renverser Churchill.

Hess se posa en parachute à proximité de la propriété du duc de Hamilton. Désavoué par Hitler qui le fit passer pour fou, appréhendé par des policiers britanniques, celui qui deviendra le dernier prisonnier de Spandau garda le silence jusqu’à sa mort en 1987, pour des raisons que ce livre rend compréhensibles. La théorie encore très répandue selon laquelle Hess, ayant perdu la raison, aurait agi de son propre chef, semble avoir été d’une grande commodité tant pour Hitler que pour les Alliés occidentaux, mais force est de reconnaître qu’elle relève de la farce, ce que Staline avait d’ailleurs deviné dès 1941.

Mais qu’est-ce qui pouvait laisser imaginer à Hitler qu’il était possible de négocier secrètement avec un plausible « parti de la paix » britannique ? Martin Allen démontre de manière fort convaincante qu’il s’agit d’une manœuvre « d’intox » menée par les services secrets britanniques, dans le cadre d’une opération de guerre psychologique et politique. Deux grains de sable dans cette mécanique : ce n’était pas Rudolf Hess qui était attendu, mais un personnage de moindre rang, et le fait que Hess dut sauter en parachute au lieu de se poser, ce qui l’empêcha de se rendre chez le duc de Hamilton. La machination churchillienne visait à amener Hitler à croire en la présence d’un « parti de la paix » britannique (que lui aurait décrit son émissaire à son retour), à desserrer l’étau autour du Royaume-Uni et à s’attaquer au plus tôt à l’URSS. Convenons-en, ce n’était guère avouable, même bien longtemps après la fin de la guerre.

En dépit d’un sous-titre un peu « sensationnaliste », cet ouvrage n’a rien de fantaisiste ; l’auteur s’appuie sur de nombreuses sources des plus sérieuses et s’est livré à une enquête minutieuse. Martin Allen, historien britannique, s’était signalé par « Le roi qui a trahi », au sujet du duc de Winsdor, ex-Édouard VII, qui joue un rôle non négligeable dans le sujet de cet ouvrage. La partie strictement aéronautique est réduite à la portion congrue : il ne s’agit pas ici de narrer le vol de Rudolf Hess en tant que tel, mais d’en rétablir les origines, tenants et aboutissants. L’ouvrage n’est pas seulement passionnant : il est difficile de ne pas adhérer aux convictions et démonstrations de l’auteur quant aux raisons de ce surprenant voyage aérien, sur lequel circulent encore nombre de propos erronés. Nous le recommandons chaudement à celles et ceux qui voient encore « l’affaire Rudolf Hess » comme nimbée d’un halo mystérieux, ou manifestent simplement de l’intérêt aux dessous de la seconde Guerre Mondiale.

Philippe Ballarini


Cet ouvrage et la traduction en français par Fortunato Israël de l’ouvrage The Hitler/Hess Deception (HarperCollins Publishers, 2003).

360 pages, 14 x 22,5 cm, couverture souple.

2 cahiers photos n&b de 8 pages chacun.

Ouvrages édités par
Sur le sujet
En bref

Éditions Plon

ISBN Plon : 2-259-20045-1

ISBN original (HarperCollins) : 0 00 714118 1

épuisé
22 €