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L’histoire de l’aviation

au fil de la BD
Étienne Reunis

La bande dessinée doit beaucoup à nos voisins et amis belges, dont les fortes traditions aéronautiques n’ont rien à envier à celles d’autres pays plus vastes. C’est en alliant ces deux passions que Étienne Reunis, responsable de la section air et espace au Musée Royal de l’Armée de Bruxelles, nous propose de découvrir une histoire de l’aviation exclusivement illustrée par « le neuvième art ».

Mais que l’on ne s’y trompe pas : quelle que soit l’apparence divertissante de l’ouvrage, la place du texte ne relève pas du tout de l’accessoire, qui compte sept chapitres intitulés successivement « Depuis l’antiquité, le temps du rêve », « 1808-1903 Les inventeurs et leurs drôles de machines », « 1903-1914 Les premiers pilotes », « 1914-1918 Combats dans le ciel – les As », « 1940-1945 L’arme aérienne décide de la guerre », « 1946-2005 Le développement de l’aviation commerciale » et « 2006 Le rêve, toujours, deux cents ans après… » Sans prétendre à l’exhaustivité, l’auteur retrace les grandes lignes de l’aventure aérienne, mais dès les premières pages, on apprécie une lecture agréable qui ne manque pas de références dépassant parfois nos habitudes franco-françaises : ainsi y apprend-on que dès le treizième siècle, le célèbre moine franciscain anglais Francis Bacon (philosophe et alchimiste considéré comme le père de la méthode scientifique) avait déjà élaboré une théorie sur la possibilité de voler dans les airs. Ou encore « au risque de fâcher certains de nos amis français, que les machines de Clément Ader n’ont pas réussi de vol contrôlé que ce soit de cinquante ou de trois cents mètres » ! Chaque chapitre est précédé d’une brève chronologie reprenant les faits marquant pour la période considérée.

De nombreuses planches noir et blanc ou couleur – strictement francophones cette fois – illustrent abondamment l’ouvrage, qui sont autant de styles, autant d’œuvres d’art dues aux talents de multiples dessinateurs tel que Charles M. Schulz, Hergé, Victor Hubinon, Jean-Michel Charlier, Albert Uderzo, Francis Bergèse, etc. Les plus lourds que l’air n’y sont parfois évoqués qu’en tant qu’inventions fantastiques, certaines bandes dessinées reprennent « simplement » les vies extraordinaires de héros authentiques (Mermoz, Saint-Exupéry, etc.) mais chaque génération d’après la Seconde guerre mondiale peut assurément y retrouver avec émotion « son » héros de papier imaginaire (Biggles, Dan Cooper, Buck Danny, Tanguy et Laverdure, le chien Snoopy aviateur, affrontant le baron rouge perché sur sa niche, Lili hôtesse de l’air, etc.) dès lors qu’il aura été le plus souvent couché sur le papier d’une bande dessinée du classique format 22,5 sur 29 centimètres (ce qui explique peut-être qu’on ne retrouve par exemple aucune illustration provenant de la petite collection économique titrée « Rapaces« , de feues les Éditions Imperia, qui ont pourtant fortement marqué de nombreux passionnés dans les pays francophones.

Le papier glacé et la qualité de reproduction des illustrations sont excellents. Une « bibliographie BD » recense plus de soixante-dix titres différents avec leurs auteurs ; il ne manque peut-être qu’un index des nombreux patronymes cités.

Georges-Didier Rohrbacher


160 pages, 17 x 24 cm, couverture cartonnée

Lili et Harry
Lili et Harry

Deux exemples de bandes dessinées fort différentes
évoquées par Étienne Reunis.

En bref

Éditions Versant Sud

ISBN 2-9303-5830-0

25 €