« Voici un titre qui ne nous est pas complètement inconnu » diront certains, car E.J. Lassalle publia, sous un titre similaire, un ouvrage de référence qui obtint le prix de l’Aéro-Club de France en 1970. Oui, mais voilà : les cent premiers brevets, ainsi que l’histoire qui les précède, sont approchés ici sous l’angle de l’aérophilatélie, mêlant ainsi à une biographie souvent inédite — bien que concise — une très riche iconographie de qualité, où figurent la plupart des signatures de ces pionniers, des témoignages photographiques souvent agrémentés de cachets privés et autres rares vignettes des premiers meetings, le tout édité en couleur sur papier glacé. Ceci en fait ce qu’il est convenu d’appeler un « beau livre ».
De plus, un préambule de quelques pages sur l’aérostation au XIXe siècle rappelle que le triste siège de Paris en 1870 marque également le véritable début de l’envoi du courrier par la voie des airs, tandis que quelques pages sur Clément Ader rendent hommage aux efforts de l’un des pères de l’aviation… qui ne fut cependant jamais breveté.
Autre intérêt de ce livre qui comporte bien sûr la liste « chronologique » des 100 premiers brevets décernés par l’Aéro-Club de France (qui tout comme les dalmatiens sont en fait 101, malgré l’absence d’un numéro 13… ), la présence d’une alternative alphabétique bien utile aux recherches et une première pour ce type d’ouvrage : la liste des 100 premiers militaires brevetés.
Vous l’aurez deviné, Yves Saint-Yves est un collectionneur passionné qui « autopublie » ainsi une minuscule parcelle de son trésor aérophilatélique amoureusement constitué au cours de plus de cinquante années de « chinage » et recherches diverses, nous offrant une vue sur des documents trop rares constituant l’ultime empreinte d’une époque révolue, mettant ainsi en perspective des richesses qui ne sauraient que déboucher sur d’autres ouvrages d’une telle facture.
La préface de Bertrand Sinais, référence incontournable de l’aérophilatélie, est un gage de qualité supplémentaire.
S’il est vrai que parfois les ouvrages en autoédition trouvent leur talon d’Achille dans la mise en page, ce livre ne manque pas d’une certaine élégance. La qualité d’impression, sur papier couché, s’avère remarquable. Peut-être pas un « coup de cœur », mais sans conteste un premier accessit.
Thierry Matra
120 pages, 21 x 28 cm, couverture souple dos carré
340 photographies et reproductions
Préface de Bertrand Sinais, de l’Académie de philatélie