Pour en préciser le titre, ce petit livre traite de l’histoire du contrôle aérien français, même si les derniers chapitres techniques débordent forcément sur l’internationalisation (Eurocontrol, régulation de trafic). C’est une bonne idée de s’être attelé à cette tâche, et Daniel Casanova, que nous connaissons dans l’Aérobibliothèque par plusieurs autres ouvrages, était très bien placé pour la rédiger : ancien contrôleur de la circulation aérienne, il nous présente même à titre d’illustration son diplôme de l’ENAC (1), page 67.
Si ce livre n’impressionne pas par sa taille (16x24cm), ni par le nombre de ses pages (76), il présente de manière synthétique cette histoire sur environ un siècle. Peut-être un peu trop synthétique parfois, tout est très condensé et riche de nombreuses photos, hélas bien petites.
Une première partie de l’ouvrage est plutôt technique, une seconde concerne davantage les personnels, leur statut et leur formation. Les deux sont bien entendu présentées de manière chronologique.
La période de l’Entre-deux-guerres, qui a vu naître les premiers besoins de surveiller et protéger le trafic aérien (premiers abordages entre avions, souvent dramatiques), nous plonge dans un univers désormais « collector » :
* établissement de deux routes aériennes à sens unique entre Londres et Paris ;
* installation de phares aériens lumineux, qui deviendront par la suite des radio-phares ;
* utilisation du morse et du « code Q », avant l’arrivée de la phonie ;
* avions équipés d’une antenne rétractable et lestée pour la rendre pendante, avec parfois les oublis de rétractation.
Puis, les lendemains de la Seconde Guerre mondiale sont caractérisés par l’utilisation de systèmes hérités du conflit : radionavigation (différentes gammes de fréquences), Consol, LORAN, Gee, Decca, radar (2).
Les Trente Glorieuses correspondent à une modernisation des outils : VOR, DME, ILS, radar secondaire (transpondeur), ce qui change la manière de contrôler.
Les années 70 (mais dès 1961 pour le premier CAUTRA) voient une automatisation puis une informatisation des moyens de contrôle, de plus en plus poussée avec de nouveaux outils qui nous sont expliqués : Sigma, Irma .
Vient ensuite Eurocontrol, dont on réalise qu’il a fallu 60 ans pour une réelle mise en place.
L’européanisation, c’est aussi la CMFU de Bruxelles et la régulation de trafic imposée de nos jours.
Le XXIe siècle est présenté sous le signe de la numérisation des systèmes, et de l’évolution vers les licences européennes.
La Circulation aérienne militaire est traitée rapidement à partir de la page 40.
Comme nous vous l’avions annoncé, la fin de l’ouvrage est consacrée aux hommes et aux femmes (de plus en plus nombreuses) qui travaillent dans ce domaine. Nous découvrons l’évolution de leur statut (le salaire des premiers contrôleurs était celui d’une dactylo) et de leur formation vers des diplômes d’ingénieurs de nos jours.
A ce titre, cette fin d’ouvrage peut constituer une bonne plaquette d’information pour les étudiant(e)s que ce métier attirerait.
Au final, c’est un petit livre très intéressant qui nous est proposé. On rêverait juste de le voir un peu moins condensé, et illustré par des photos plus grandes et donc mieux lisibles.
Jean-Noël Violette
Notes :
1) ENAC : école nationale de l’aviation civile, chargée en France -entre autres- de la formation des contrôleurs, électroniciens, techniciens… à Orly, puis à Toulouse.
2) Consol, LORAN (Long Range navigation), Gee, Decca : différents systèmes imaginés par les Allemands, les Américains et les Britanniques, expliqués dans l’ouvrage.
Radar : Radio Detection and Ranging.
76 pages, 16x24cm, broché, couverture souple