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L’homme oiseau

Angelo d’Arrigo

Voler était jusqu’au XXe siècle l’apanage de l’oiseau. Simple bipède bassement terrestre, l’homme ne pouvait que contempler avec envie, et parfois jalousie, les majestueuses évolutions de ces volatiles traversant les continents, mers et montagnes, et survolant les obstacles devant lesquels les pieds butent irrémédiablement. Et c’est finalement en étudiant l’oiseau pendant des siècles que l’homme a appris à voler, en trichant un peu sur son modèle cependant… Quel serait l’homme qui aujourd’hui apprendrait à l’oiseau à voler ? Quel serait l’homme qui enseignerait à un aigle à chasser et à migrer, à être ce que la nature a fait de lui ? Cet homme s’appellerait Angelo d’Arrigo, l’homme oiseau.

Sportif de haut niveau et naturaliste exceptionnel quant à ses méthodes, Angelo d’Arrigo conçut il y a plusieurs années le projet Metamorphosis, par lequel il participe à empêcher l’extinction de plusieurs espèces de grands oiseaux planeurs. Chose exceptionnelle, alors que l’homme a toujours tenté de domestiquer la nature, Angelo d’Arrigo travaille en sens inverse. En 2001, il devint la figure paternelle d’un jeune aigle des steppes et lui apprend à voler. Il lui apprit ensuite à chasser, en mettant au point des techniques d’apprentissage particulières et finalement, le conduisit sur sa route migratoire, du Sahara à l’Europe.

Tout ceci n’eut pas été possible sans les grandes qualités de pilote de deltaplane d’Angelo d’Arrigo. Il fut en 2004 le premier homme à survoler l’Everest en deltaplane au cours d’un vol de 4 heures par -50°C. Exploit sportif certes, mais toujours au service de l’éducation à la vie sauvage. Pendant ce vol mémorable, deux aigles l’accompagnèrent et apprirent ainsi à « sauter » par-dessus le toit du monde pour suivre leur route migratoire depuis l’Himalaya vers les confins de l’Inde.

En 2005, Angelo d’Arrigo entreprit un nouveau défi : la réintroduction du condor dans les Andes et l’apprentissage à la vie sauvage de cet oiseau majestueux en voie de disparition. En volant avec les condors, il parvint à l’altitude jamais égalée de 9100 mètres en deltaplane. Avec 25 000 heures de vol et de nombreux records à son actif, Angelo d’Arrigo est mort comme il a vécu, en vol. En mars 2006, il trouva la mort dans un accident d’avion en Sicile.

L’homme oiseau est sa biographie écrite seulement quelques mois avant sa fin, où cet homme exceptionnel partage sa vision du vol, de la nature et, d’une certaine façon, de l’humanité. Il raconte ainsi, au long de dix chapitres chronologiques, son extraordinaire parcours et son existence hors du commun.

À la lecture du livre, on finit par se dire que le titre d’aviateur ne convient pas à cet homme habité par la symbiose avec les grands oiseaux. S’il restait limité par ses contraintes d’être humain et de la technologie humaine, Angelo d’Arrigo a clairement ouvert la voie d’une nouvelle réflexion sur le vol, en étudiant les « couloirs aériens » empruntés par les oiseaux. Voilà un livre absolument passionnant qui pose une nouvelle question, quoique vieille comme le monde : à quoi ressemble le monde vu par un oiseau ?

Traduit de l’italien par Virgil Tanase

Timothy Larribau


336 pages, 152 x 240 mm, couverture souple
Cahier photos couleur 32 pages

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Arthaud

ISBN 2-7003-9670-7

20 €