Frédéric Gout est officier pilote d’hélicoptère dans l’ALAT, et au début de l’année 2013, il est le chef du 5e Régiment d’Hélicoptères de Combat, basé à Pau, aux côtés du 4e Régiment d’hélicoptères des Forces Spéciales, composé d’hélicoptères de manœuvre Puma et Cougar, de Gazelle et de Tigre. Le 11 janvier, alors qu’il apprend le décès du pilote Damien Boiteux du 4e RHFS au cours d’un combat au Mali et se voit chargé d’annoncer la terrible nouvelle à la désormais jeune veuve, il reçoit l’ordre de déployer un groupe aéromobile et d’en prendre la tête. En quelques jours seulement, le voilà parti au front, en Afrique, devant monter de toutes pièces un dispositif opérationnel et efficace. Un sacré challenge, même pour un officier aguerri.
Ce récit n’est pas celui d’un pilote, l’auteur ne s’étend vraiment pas sur les quelques vols qu’il a effectués à l’occasion de ce détachement ; c’est son rôle de chef qui prime sur toute autre fonction alors. Et il faut dire que le travail à faire est énorme. Avec les moyens actuels de nos armées, il lui faut monter une première base, puis une seconde, assurer la montée en puissance du dispositif, penser à l’entretien de ses machines et, éventuellement, s’occuper du confort de ses hommes et surtout combattre un ennemi invisible.
Avec une vision organique et stratégique plus que tactique, le témoignage de Frédéric Gout remet le rôle des hélicoptères à sa place. Pour la logistique et le combat rapproché, ils sont juste… indispensables, tout comme lorsque arrive le moment d’évacuer les blessés. Et au milieu du désert, cette présence relève tout simplement du tour de force quotidien ; un tour de force que le chef se doit d’orchestrer sans fausse note.
Cette plongée au cœur de l’ALAT en guerre a pour avantage de remettre cette arme à la place qu’elle mérite dans ces opérations complexes. Bien sûr, les amateurs de récits guerriers pourront être un petit peu frustrés de ne pas sentir pas l’odeur de la poudre, mais ce document, peu trépidant, a l’avantage d’avoir un point de vue plus en hauteur. De ce fait, les perspectives sont différentes que celles que peut avoir un pilote dans son cockpit et un soldat derrière son fusil. Le point de vue et le ressenti du commandement mérite qu’on s’y attarde. Ce journal de guerre remplit donc son objectif et nous révèle certains dessous de ces difficiles combats lointains.
Frédéric Marsaly
256 pages, 14,5 x 21,5 cm, broché