Liberty Bessie [1]

Difficile d’être enfant de pilote sans attraper le virus. Sans doute est-ce pour cela qu’en 1948, malgré un marché professionnel bouché, Bessie s’acharne à passer sa licence. Elle vit de petits boulots en espérant décrocher un poste de pilote lorsqu’elle reçoit un courrier inattendu : là-bas, en France, un ferrailleur a retrouvé la plaque d’identification de son père, disparu en Italie pendant la guerre. C’est donc de l’autre côté de l’Atlantique qu’elle part chercher du travail ainsi que les traces familiales.

Djian et Saint-Dizier ne sont pas des débutants. Bien entendu, vous connaissez celui-ci pour sa série Saint-Exupéry, mais peut-être aussi pour ses nombreux albums d’inspiration historique. Quant à celui-là, c’est une quarantaine de BD qu’il a écrites, souvent en collaboration. On ne sera donc pas surpris de trouver une histoire bien menée, rythmée, qui n’hésite pas à éluder certains moments pour mieux laisser respirer les passages essentiels. Les flash-back occasionnels sont amenés logiquement, sans couper la narration. Mieux, l’ancrage historique est réel, mais pas envahissant : par exemple, la ségrégation fait partie du paysage, bien présente, mais les auteurs évitent le rabâchage des luttes héroïques pour les droits civiques.

Le dessin est également confié à un talent confirmé : Vincent n’est peut-être pas une célébrité de la bande dessinée aéronautique (malgré ses travaux sur les Aviateurs de Gil Roy et le magazine Aviasport), mais dans d’autres domaines il a produit une quinzaine d’albums en autant d’années. Si, à première vue, l’économie de détails et l’expressivité peuvent rappeler Loisel, le réalisme des formes et le soin dans le choix des teintes et des textures donnent un rendu très personnel. La mise en page aérée et le dynamisme des scènes d’action achèvent de séduire.

Annoncée comme un diptyque, cette nouvelle série se présente donc extrêmement bien. Une fiction enlevée sur fond historique, quelques rappels sur les discriminations sans verser sans la revendication, une quête des origines qui ne prend pas le pas sur l’aventure, le tout porté par un graphisme original et élégant… Voilà qui mérite forcément sa place dans votre bédéthèque.

Notez que le premier tirage est entouré d’une jaquette souple célébrant le cinquantenaire du groupe Glénat, dont le verso forme un poster 50×32 cm.

Franck Mée

56 pages, 24 x 32 cm, cartonné

La collection « Liberty Bessie »

Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Glénat

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© Éditions Glénat

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© Éditions Glénat