C’est un livre inhabituel à double titre que nous vous présentons aujourd’hui.
Tout d’abord quant au public auquel il s’adresse, la collection de la très réputée École des loisirs concernant en général les élèves de l’école primaire. Mais si nous sommes bien en présence d’un de ces albums à couverture épaisse et rigide, bien costauds pour passer la nuit dans un lit ou au fond d’un coffre à jouets, on est ici loin de Au lit, petit monstre ! ou de Blaise, dompteur de tâches, et celui-ci a toute sa place dans l’Aérobibliothèque.
Inhabituel ensuite, en nous racontant une pure fiction, une rencontre au bord de la Baltique de Marie Marvingt et de son cousin Paul Tarascon, alors enfants, avec le grand pionnier Otto Lilienthal, à l’apogée de son art. C’est si bien fait que l’on se prend au jeu, et j’ai dû pour ma part délaisser momentanément ma lecture pour en avoir le cœur net, et vérifier par ailleurs si la chronologie aurait permis pareille entrevue, ceci avant de trouver finalement confirmation en fin d’ouvrage qu’il s’agissait bien d’une histoire imaginaire. Mais on y croit, ou on veut bien accepter d’y croire, tellement il est agréable de lire cette rencontre des trois protagonistes. Les explications de l’homme mûr aux enfants sont autant d’occasions de nous présenter des petits points de physique des aérostats ou d’aérodynamisme, et des annexes en fin de livre nous précisent ce que devinrent pour de vrai nos héros, ainsi que d’autres dates importantes de l’histoire de l’aéronautique et de l’espace… Les illustrations de François Vincent, qui font très « album pour la jeunesse », viennent rehausser à merveille cette histoire où l’auteur, Marion Pussey, nous entraîne par le bout du nez.
La dernière page de l’ouvrage, très prosélyte — mais pour la bonne cause — donne les coordonnées de plusieurs fédérations francophones de vol libre, discipline considérée ici comme l’unique héritière des expérimentations de Lilienthal. Mais sont étrangement absentes celles des fédérations de vol à voile des même pays, bien que le planeur fut pourtant le premier relais de ces expériences, du début du XXe siècle jusqu’aux balbutiements du vol delta dans les années 70 et à ceux du parapente une décennie plus tard. Cet ostracisme est un peu surprenant étant donnée la grande ouverture d’esprit, certes scientifique, que dégage par ailleurs l’ensemble de l’album.
Mais ce n’est qu’un détail, à négliger devant le grand attrait de l’ouvrage, à recommander sans réserve pour toutes les petites têtes, blondes, brunes ou rousses, qui nous entourent. Ah oui, vous pourrez peut-être m’aider ? Je n’ai pas réussi à savoir, lors de mes recherches de mi-lecture, ni plus tard, si Marie Marvingt et Paul Tarascon étaient vraiment cousins…
Jean-Noël Violette
45 pages, 22,5 x 28,7 cm, cartonné
0,426 kg