L’image la plus répandue de Charles Lindbergh est bien entendu celle du vainqueur de l’Atlantique Nord et, accessoirement, du père meurtri d’un bébé assassiné. Globalement, on s’en tint là pendant longtemps, la portée symbolique de la célèbre traversée ayant occulté le reste. Pourtant sont apparues au jour ces dernières années certaines facettes du personnage, lesquelles le font apparaître sous un jour fort différent.
Apparurent ses sympathies marquées pour le régime nazi, ses rapports avec Alexis Carrel, physiologiste renommé aux théories raciales glauques, sa double (voire triple) existence familiale… Il est décidément devenu difficile aujourd’hui de se contenter d’un portrait angélique de Charles Lindbergh sans tomber dans l’hagiographie mensongère. Souvent adulé, parfois honni, mis à l’écart en raison de prises de position pour le moins douteuses, le vainqueur de l’Atlantique demeure un personnage à découvrir, à cent lieues de son mythe.
Lindbergh, héros ou sale type ? En le qualifiant « d’ange noir », Bernard Marck résume son propos. Pas plus qu’il ne s’érige en juge, il ne joue les journalistes à sensation dont l’objectif serait de déboulonner un statue de son piédestal. Fascinant autant que fasciné par des idéologies sordides, Lindbergh apparaît ici dans toute la complexité de son existence touffue. On ne saurait en dresser le portrait d’un trait de plume, mais un millier de pages pour cette biographie, cela pourrait rebuter. Ce serait méconnaître ou sous-estimer la plume de l’auteur : redonner vie à des personnages du passé de l’aviation, Bernard Marck l’alchimiste y excelle. Mettant son talent affirmé de littérateur au service d’une histoire factuelle méticuleuse et rigoureuse, il nous livre un ouvrage aussi passionnant qu’édifiant.
Philippe Ballarini
970 pages, 153 x 240 mm, couverture souple
Préface d’Alika Lindbergh