Lindbergh est né en même temps que l’aviation, en 1902 ; très tôt il s’est passionné pour les premiers héros de l’air, comme le Français Louis Blériot, qui, le premier, avait survolé une mer, la Manche…
Nous voyons Lindbergh grandir dans l’aviation, devenir Barnstormer, le ravageur de grange, c’est-à-dire l’un de ces pilotes de cirque, de ces fous volants sur ces drôles de machines qui rasent les toits des granges pour épater les paysans du Middle-West. Lui, il marche sur les ailes, essaie les premiers parachutes, devient le Daredevil, le trompe-la-mort. Il s’engage dans l’aviation militaire, pour se perfectionner, et puis dans la poste aérienne, qui lui donne une endurance hors du commun.
Mais la grande aventure de sa vie, c’est le Prix Orteig, une récompense de 25.000 dollars (soit 200.000 euros d’aujourd’hui) par un richissime Français émigré aux États-unis, pour le premier pilote qui volerait sans escale de New York à Paris. Le film raconte l’histoire mouvementée et tragique de cette course, qui va coûter la vie à six hommes…avec des documents surprenants, et parfois inédits, nous montrons comment Lindbergh, grâce à la Franc-maçonnerie, a pu financer son avion, comment il s’est envolé pour l’inconnu. Mais comme personne ne l’a filmé dans cette traversée héroïque, nous avons reconstitué ce vol au dessus de l’Atlantique, en images de synthèse.
Le film montre le triomphe de Lindbergh, parfois avec des moments étranges (comme celui où le roi d’Angleterre, George V, est le seul à oser lui demander comment il a satisfait ses besoins naturels pendant les 33 heures de vol)…et son retour homérique, sa rencontre avec une frêle jeune femme, Anne Morrow, son mariage, le drame du kidnapping et de la mort de son fils, le procès abominable qui a suivi, et son dégoût pour l’Amérique ; son départ pour l’Europe, ses relations avec Alexis Carrel, le Prix Nobel de Médecine français, grand promoteur de l’eugénisme avec son best-seller « L’Homme cet inconnu », et son naufrage dans les mauvaises fréquentations nazies…
Ce film vient en contrepoint du dernier livre de Philip Roth, Le Complot contre l’Amérique, qui imagine ce qu’aurait été notre sort si Lindbergh était devenu président des États-Unis en 1940. Comment Lindbergh a sombré, comment il s’est racheté, comment il a repris une importance dans le contexte de la Guerre Froide et comment il a terminé sa vie dans de très étranges circonstances, avec plusieurs familles clandestines en Europe…
Et pourtant, nous ne pouvons pas nous empêcher aujourd’hui de relire le roman de cette existence avec une sorte de jubilation. C’est le message de ce film : au-delà de ses errements – bien de son siècle – Lindbergh est l’un des derniers héros. Personnage de légende, il traverse ce film comme un cavalier de l’Ouest.
La colorisation réalisée par un expert français, François Montpellier, avec l’aide de notre conseiller historique, Michel Bénichou, redonne à ces images d’archives une vie et une vérité étonnantes.
DVD zone 2
84 min., PAL
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Entretien avec Daniel Costelle