Parler de scaphandres dans les rubriques d’un service de bibliothèque aéronautique n’est pas déplacé, puisque d’une part nous avons déjà abordé plusieurs ouvrages pleinement astronautiques et que, d’autre part, l’aviation a eu aussi recours dès les années 1920 à de tels équipements. Mais Philippe Poulet voulant en dresser l’odyssée, il a donc été amené à considérer en premier lieu les origines aquatiques de cet équipement et sa longue évolution sans oublier au final ses autres usages. Cela nous donne un livre assez atypique au sein de l’Aérobibliothèque puisqu’il est majoritairement consacré à la plongée (sur 75 pages) avant de se tourner vers les altitudes par une trentaine de pages. Pour être complet, il s’attache enfin à décrire les domaines plus spécifiques des environnements à risques dans une dernière trentaine de pages.
Dans chacune de ses parties, le texte s’applique à retracer l’histoire de ces moyens destinés à ouvrir de nouveaux domaines à l’humain. Les différentes approches, souvent liées à l’apparition de moyens matériels nouveaux, sont successivement expliquées et largement illustrées dans une présentation qui se veut complète tout en restante succincte (au point, par exemple, de ne citer en France que la FFESSM alors que la FSGT plongée est l’autre grande structure pour la pratique et l’enseignement de la plongée loisirs). De même, il est réducteur de dire que la sécurité en plongée est gérée par ordinateur : des tables permettent aussi aux plongeurs de calculer leurs paliers de décompression suivant la profondeur atteinte et le temps écoulé même si elles sont de moins en moins utilisées aujourd’hui (elles font toujours partie de l’enseignement théorique de la plongée pour les différents niveaux de plongeurs afin de pallier une éventuelle panne de l’ordinateur !).
C’est par l’aérostation que le problème de la nocivité des hautes altitudes fut découvert dès le XIXe siècle, mais les solutions apparurent surtout par l’aviation durant l’entre deux guerres. Alors qu’au niveau plongée, l’auteur présentaient succinctement et parallèlement aux scaphandres les caissons et stations sous-marines ainsi que ce qui les supplante peu à peu, il est surprenant qu’en l’air, il n’évoque pas les solutions de pressurisation des cabines comme alternative aux scaphandres, alors qu’il souligne combien l’aviation s’accommode mal de ces combinaisons. À force de repousser les limites du « toujours plus haut », la frontière de l’espace fut à son tour franchie et en décrire les contraintes encore plus exigeantes se fait tout naturellement. Et l’auteur de souligner alors que les vols spatiaux, bien que se succédant, ont démontré par les dramatiques accidents dont ils furent émaillés, qu’ils ne seront jamais banals ; et donc combien la réflexion sur le scaphandre spatial n’est pas prête de se terminer.
En achevant son panorama par les milieux pouvant se révéler hostiles et agressifs du fait des activités humaines, qu’ils soient épidémiques, nucléaires, explosifs, incendiaires et les contraintes de certaines opérations commando en environnement extrême, Philippe Poulet réussit ici par les mots à nous faire dépasser les limites de notre quotidien et même effleurer un univers que fort peu d’individus ont pu côtoyer.
Voici un livre multi-horizon qui au-delà de son texte factuel reste fort agréable tant par le soin de l’écriture que par ses abondantes illustrations particulièrement soignées, à l’image de celle de couverture.
François Ribailly
128 pages, 24,5 x 28 cm, broché
Préface de Jean-François Clervoy