D’un côté, l’escadrille España ; de l’autre, la légion Condor. En dessous, l’Espagne, en pleine guerre civile en cet automne 1936. L’album suit en parallèle la trajectoire de Pedro, mécanicien, des rues de Madrid à l’intérieur d’un Potez 540 républicain, et celle de Dieter, pilote allemand envoyé avec son Heinkel He-5 soutenir les Nationalistes. Et montre aussi Franco, général espagnol, Malraux, écrivain français, Deveraux, pilote mercenaire, Tom, communiste américain…
1936 : des avions allemands et français s’affrontent dans le ciel espagnol.
Pour son premier scénario, Gerardo Balsa fournit un récit complexe, mêlant plusieurs histoires parallèles tout en racontant un pan d’Histoire peu évoqué en bande dessinée. Un peu trop complexe peut-être : toutes les une à trois planches, on change non seulement de séquence, mais d’intrigue, passant d’une chambre parisienne à un pont aérien méditerranéen avant de fondre dans un bordel madrilène ou de monter dans un Vildebeest républicain. Ce découpage au hachoir rend le récit décousu, difficile à suivre, et certains passages sans doute placés là en vue du tome 2 n’ont pas le moindre lien avec le reste du volume courant. C’est en particulier le cas de la séquence américaine, rentrée au forceps d’une demi-planche à une autre demi-planche afin de nous présenter des personnages que nous ne reverrons pas.
Après treize volumes de U-47 en seulement neuf ans, il est assez logique que Balsa maîtrise mieux le graphisme. Le dessin ne souffre pas de faiblesse trop criante, les personnages sont plutôt expressifs (parfois même un poil caricaturaux), les divers appareils sont assez bien représentés, et les cadrages sont dynamiques. La mise en couleur très « informatique » peut laisser plus dubitatif, certains ombrages et dégradés étant trop mécaniques pour vraiment séduire, et quelques planches paraissent parfois dessinées un peu vite ; mais dans l’ensemble, le graphisme est plutôt agréable pour qui aime ce rendu très moderne.
Le scénario est déjà touffu, mais l’intérêt de certains ajouts reste douteux…
Puisque c’est le premier album des éditions du Long Bec que nous voyons passer, parlons également de la finition. Le papier satiné est raisonnablement opaque et l’impression offre des noirs assez denses et une bonne précision du trait comme des textures. La couverture est épaisse et bien rigide, et la reliure tissée est de belle facture.
L’ouvrage est précédé d’une préface de quatre pages présentant le cadre espagnol et la démarche de Balsa. Il se termine sur de brèves fiches techniques des appareils rencontrés. Celles-ci souffrent d’une traduction parfois bancale (« moteurs linéaires », « dispositif » pour « appareil »…) mais permettent de rappeler les caractéristiques de ces avions souvent méconnus.
Dans l’ensemble, ce premier volume pèche donc par un scénario trop touffu et haché, malgré de bonnes intentions et un graphisme moderne plutôt réussi.
Franck Mée
98 pages, 23,5 x 31 cm, couverture rigide
Avec l’aimable autorisation des © Éditions du Long Bec
Avec l’aimable autorisation des © Éditions du Long Bec
Avec l’aimable autorisation des © Éditions du Long Bec