Étonnant et foisonnant parcours que celui de la société Lorraine-Dietrich née des conséquences de la défaite de Napoléon III à Sedan et de la cession de l’Alsace-Moselle au IIe Reich allemand. Pour les « aéromanes » qui hantent l’Aérobibliothèque, le nom de cette société évoque des moteurs d’avion. Ceci étant, la marque à la croix de Lorraine d’or sur fond bleu fabriqua essentiellement des automobiles (souvent de sport ou de luxe), mais aussi des wagons, des camions, des chenillettes militaires, des moteurs marins, des tramways… et même une automotrice.
Le menu de l’ouvrage s’avère donc très varié, d’autant plus que l’histoire de cette société ne fut pas un long fleuve tranquille. Il fallut à l’auteur bien de la patience et de la ténacité pour démêler et rendre abordable un écheveau bien emmêlé. Sébastien Faurès Fustel de Coulanges aborde son sujet de manière chronologique, si bien qu’il nous mène dans les entrelacs des méandres de l’histoire de Lorraine-Dietrich, de ses balbutiements lunévillois à sa dissolution (on serait tenté d’écrire « dilution ») dans une SGA à la fin peu glorieuse, désagrégée dans un embrouillamini financier ourdi par des capitaines d’industrie*. Nous produisons en bas de page un sommaire simplifié* de l’ouvrage. Compte tenu de la structure du livre, les pages ayant pour sujet l’aviation et les moteurs d’avion ne sont pas regroupées, mais dispersées au gré du déroulement historique.
En matière de moteurs d’aviation, Lorraine-Dietrich était devenue, dans l’entre-deux guerres, une société prolifique à la production variée et un acteur majeur de l’aéronautique française. Ses moteurs, qu’ils soient en ligne, en étoile, en V, en W… furent souvent retenus par la quasi-totalité des avionneurs français, de Breguet à Potez, de Bernard à Lioré et Olivier.
Ce « livre-monument » est du genre de ceux dont on affirme qu’après lui, il faudra du temps avant que quelqu’un se hasarde à écrire sur le même sujet. Compte tenu de ses éminentes qualités, tant quant au contenu qu’au façonnage, cet ouvrage aurait été un excellent candidat à nos coups de cœur… s’il avait été strictement aéronautique. Avec un papier de très belle qualité et de fort grammage (128 g/m2, on est vraiment dans le domaine de l’édition de luxe. En tout cas, un très bon livre doublé d’un bien bel objet.
Philippe Ballarini
416 pages, 24 x 29cm, relié + jaquette + étui carton
550 illustrations
2,842 kg
* ourdi par des capitaines d’industrie : ceci avec la bénédiction de l’État
Sommaire :
– 1897-1909 : Des automobiles à Lunéville
Le pari d’Adrien de Turckheim
L’ère Turcat-Méry
Les filiales italienne et britannique
L’entrée en service du site d’Argenteuil
– 1910- 1914 : Les Belges prennent les rênes
Charles Nicaise et le trust métallurgique belge-français
Les automobiles de la transition
– 1915-1926 : La puissance et la gloire
Marius Barbarou à la direction des études
Avec l’aimable autorisation des éditions © ETAI
Avec l’aimable autorisation des éditions © ETAI
Avec l’aimable autorisation des éditions © ETAI
Avec l’aimable autorisation des éditions © ETAI
Avec l’aimable autorisation des éditions © ETAI