Luftballons [1/3]

Luftballons. Voilà un titre quelque peu énigmatique. Ce mot allemand se traduirait sensiblement pas « ballons de baudruche », ce qui n’aurait que fort peu de sens au regard d’une couverture (signée Manchu) où un F-14 Tomcat de l’US Navy s’apprête à, en découdre avec un MiG-21 est-allemand. 99 Luftballons, c’est un titre du groupe rock « progressiste » Nena qui connut un vif succès en 1983. En pleine époque de fortes tensions entre les deux blocs est-ouest, les bien innocents « 99 ballons » de la chanson qui flottent dans le ciel sont pris par chacun des belligérants comme un attaque de l’adversaire, ce qui aboutit à une fin cataclysmique.

1983 : sur fond de Guerre froide, pendant que la crise des « euromissiles » semble arriver à son comble, l’OTAN lance Able Archer 83, de grandes manœuvres que les Soviétiques interprètent comme les préparatifs d’une Troisième Guerre Mondiale.

Voilà donc le cadre d’extrême tension que propose Jean-Pierre Pécau pour cette série qui prend la succession de la très réussie trilogie USA über alles. Le rideau s’ouvre sur une surprenante rencontre au-dessus de la Mer Baltique, dans l’espace aérien est-allemand, entre des MiG-21 allemands, des Viggen suédois et des F-14 de la VF-101 US censée être bien loin de là.

Ce volume plante le décor, introduisant un à un des personnages dont on comprend que certains joueront un rôle majeur dans cette histoire : Lena Strauss, pilote de chasse de RDA, Markus Wolf , le célèbre (et bien réel) maître-espion, puis Romi, sœur de Lena, exfiltrée à Berlin-Ouest… Ce volume se partage entre missions aériennes, péripéties et intrigues terrestres et quelques analepses* donnant quelques pistes sur le passé (flou) de certains personnages (et permettant de mieux comprendre l’intrigue principale).

Le scénario est installé avec fermeté dans l’année 1983, et cet enracinement ne pourra qu’ancrer solidement une uchronie qui, pour l’instant, n’est pas perceptible. Bien malin qui pourra imaginer la suite de ce premier volet (hormis ce que laisse subodorer la dernière page avec la présence du commandant Chun Byung-In*). Ce volume s’avère solidement construit, tant dans son contenu que sa structure et son rythme ; il appartiendra au lecteur de prendre son temps pour le découvrir planche après planche pour ne pas arriver trop rapidement à la dernière page. À ce propos, nous ne pourrons que saluer le choix de l’éditeur qui nous propose des aventures qui s’étalent sur 56 pages au lieu de 48, laissant ainsi davantage de latitude et d’espace au scénariste pour narrer son histoire.

Dans cette nouvelle série uchronique, le couple d’auteurs Pécau et Maza fait monter la tension en Europe de l’Est. Lorsque Buck Danny se décline au féminin, la Guerre Froide risque de se réchauffer…

Philippe Ballarini

* analepse : retour en arrière, flaskback
* Chung Byung-In, commandant de bord du Boeing 747 (vol KAL 007) abattu par le Soukhoï Su-15 du major Gennadij Osipovitch (VVS). (cf. article dans Aerostories)

56 pages, 24 x 32 cm, relié
0,636 kg
Scénario : Jean-Pierre Pécau
Dessin : Maza
Couleurs : Jean-Paul Fernandez
Couverture : Manchu

Les albums de la collection Luftballons

Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Delcourt, 2017 – Pécau, Blanchard, Fernandez

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© Éditions Delcourt, 2017 – Pécau, Blanchard, Fernandez

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© Éditions Delcourt, 2017 – Pécau, Blanchard, Fernandez