En 1982, l’armée argentine prend pied aux Malouines, lançant ainsi la guerre du même nom. Pendant deux mois, Britanniques et Argentins vont se battre pour ces terres isolés de l’Atlantique sud, faisant 900 morts et déployant des moyens considérables sans pour autant résoudre leur conflit : trente-cinq ans plus tard, les îles sont toujours britanniques et l’Argentine continue de les revendiquer.
C’est l’histoire des engagements aériens argentins que Néstor Barron et Walther Taborda ont décidé de raconter. De manière assez originale, le scénario est découpé en trois axes : le premier volume se concentre sur les Douglas A-4 Skyhawk, le deuxième sur les FMA IA-58 Pucará, le troisième sur les Dassault Super-Étendard. La série n’est donc pas chronologique, les trois volumes se déroulant plus ou moins en parallèle, ce qui peut être déroutant dans la présente intégrale.
VP-FAY ou VB-FBD ? Peu importe, sur la page suivante, ce sera VP-FBN…
Cependant, les histoires sont plutôt bien conçues ; naturellement à la gloire des pilotes argentins, Malouines n’est pas pour autant une hagiographie aveugle et montre clairement leur manque de préparation et leurs erreurs parfois majeures – le premier navire attaqué était… argentin ! Nous regretterons quelques clichés, notamment dans la première partie, et une poignée d’erreurs telles que des immatriculations baladeuses ; plus gênant, la fin fait preuve d’une certaine malhonnêteté en présentant comme un fait avéré que le HMS Invincible a été sévèrement touché (ce dont personne n’a jamais eu la moindre preuve).
Ces détails historiques mis de côté, le récit est bien mené : alternant efficacement scènes d’action et de réflexion, il profite également de quelques passages apportant une mise en perspective bienvenue, notamment dans les rapports entre pilotes argentins venus « libérer leurs îles » et Malouins ne parlant généralement pas espagnol et satisfaits de leur statut de territoire indépendant.
La « libération », toujours une notion compliquée…
La réalisation est soignée : mise en page et dessin du regretté Walther Taborda (décédé pendant la préparation de cette intégrale) sont dynamiques et efficaces. Les personnages expressifs rappellent un peu l’école japonaise tandis que les appareils sont fidèlement représentés, même lorsqu’il s’agit des quelque peu tarabiscotés Pucará. Aux couleurs, Wes Hartman rend une copie plus classique que sur Bombroad, mais toujours soignée, donnant un beau relief aux paysages comme aux avions et marquant subtilement les changements de séquence.
Malgré un point de vue très orienté et un finale qui déborde largement les limites de l’honnêteté, Malouines séduit finalement par un récit bien mené, un rythme très bien géré et un graphisme fort réussi. Si les récits historiques romancés vous intéressent, si cette guerre un peu oubliée (qui montra l’efficacité du couple Super-Étendard – Exocet) vous fascine, si vous aimez les bandes dessinées d’aviation classiques et soignées, il trouvera aisément sa place dans votre bédéthèque.
Franck Mée
152 pages, 24 x 32 cm, relié couverture cartonnée
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Paquet
Avec l’aimable autorisation des
© Éditions Paquet