Personnage discret bien que chaleureux, attaché à sa région et à l’origine As de la Grande Guerre, Marcel Haegelen avait tout pour nourrir une biographie peu banale, mais aussi, étant décédé au milieu du XXe siècle, pour tomber dans l’oubli. Ayant été le catalyseur de circonstances qui firent beaucoup pour le développement industriel et aéronautique de la ville de Bourges, ce pilote se trouve rappelé à notre mémoire sous la houlette de l’association Patrimoine Aérospatial Bourges Berry.
Marcel Haegelen, auréolé de ses victoires de la fin de la Grande Guerre, a cette particularité d’avoir croisé la route du maire de Bourges, ce qui amena la création en quelques mois (!) du terrain situé sur le plateau du Lautier, notamment en y amenant l’école puis les usines du fabricant Hanriot, à la recherche d’une nouvelle implantation. Il poursuivit alors parallèlement sa carrière militaire et celle de chef pilote, désormais le plus souvent à partir de la capitale du Berry.
En prenant sa vie comme fil conducteur, l’ouvrage s’attache à présenter les évènements auxquels il participa, tout autant que bien des aspects de la vie berruyère, avec ses personnalités — locales ou en visite — ainsi qu’une présentation succincte (et inégale) des productions Hanriot.
Agrémentés de témoignages de ses descendants et de plusieurs acteurs de la vie locale, une multitude d’éléments parcellaires sont mis en perspective avec le peu de traces que l’homme laissa parmi les médias de l’époque. Tout ceci est fort intéressant mais déroute par une présentation parfois un peu brouillonne d’où quelques répétitions. Plus qu’à un puzzle, on a la sensation d’avoir sous les yeux un patchwork. Mais ce héros ayant eu un parcours assez atypique et l’étude ne se contentant pas du cadre classique de bien des biographies d’aviateurs, on a finalement en mains un ouvrage qui, en dépit de ces quelques maladresses, présente un intérêt particulier, puisqu’à la croisée de l’histoire régionale et de la biographie.
Ce petit regret de forme ne peut résister aux qualités développées par l’ensemble, à savoir une impression sur papier glacé et une iconographie abondante.
François Ribailly
178 pages, 21 x 29,7 cm, couverture souple dos carré
171 clichés N&B