Ayant échappé aux nationalisations de 1936, la société des avions Bernard, manquant de perspectives de développement, se retrouva en difficulté en 1937. Une nouvelle société, la CAPRA (Compagnie Anonyme de Production et de Réalisation Aéronautique), reprit une bonne partie des activités industrielles de feue la société Bernard. En 1941, la CAPRA se vit muée en SIMA, laquelle fut autorisée à utiliser la dénomination de Société Générale de Mécanique Aviation Traction (MATRA). On le voit, la genèse de MATRA est on ne peut plus aéronautique. Née à une époque à laquelle son existence même était liée à la diversification de ses prestations, elle ne cessa de développer des technologies de pointe dans chacun de ses secteurs d’activité, relevant bien des défis.
Puissamment engagée dans la conception et la fabrication de missiles, Matra s’est illustrée dans bon nombre de secteurs d’activité. Les amateurs de locomotion terrestre retiendront les mythiques Djet et Matra 530, et ceux qui ont eu le bonheur d’entendre le feulement du moteur V12 de la MS-670 en gardent un souvenir ébloui ; accessoirement, n’oublions pas que la Renault Espace n’est autre qu’une Matra. Projet avorté d’Aramis, réussite du VAL : Matra s’est également faite la championne des transports automatiques. Intéressée très tôt par l’espace, Matra se positionna dès 1962 dans ce marché nouveau et prometteur, avec une indéniable réussite. Espace, défense, transports, télécommunications, systèmes militaires d’information, composants électroniques, il n’est guère de secteur de technologie de pointe d’où soit absente Matra. La petite entreprise dynamique est devenue un groupe industriel reconnu, l’une des composantes de EADS.
Cet ouvrage est sans conteste ce que l’on nomme coutumièrement « livre d’entreprise ». Compte tenu du sujet traité, il présente néanmoins un intérêt certain pour les amateurs d’aéronautique et d’espace, thèmes largement développés par l’auteur. Quant à la réalisation, les Éditions du Chêne nous ont accoutumés à une qualité irréprochable, tant dans la mise en page que dans l’impression. L’ouvrage de Claude Carlier, abondamment illustré, peut aisément être qualifié de « très beau livre ».
Philippe Ballarini
304 pages, format 22 x 30,5 cm, relié + jaquette