Dans un nouvel opus consacré à Maurice Noguès de la série que l’auteur consacre aux défricheurs des grandes lignes aériennes, Bernard Bacquié nous entraîne sur les pas du pilote et co-fondateur de la ligne Air Asie, trop souvent confondu avec son homonyme, Marcel Noguès, as de la chasse mais disparu dès 1919. Comme à l’accoutumée, l’ouvrage bénéficie d’une présentation soignée qu’accompagne des illustrations aussi riches qu’abondantes.
Le livre s’articule en douze chapitres qui restituent avec bonheur la vie et la carrière de l’aviateur, dès son premier envol au-dessus de Miramas, près de Salon-de-Provence, que précède son engagement en 1915 comme pilote de la Grande Guerre. Après avoir servi dans une escadrille de bombardement sur Voisin, on le retrouve par la suite dans la chasse, au sein de la SPA 73, sous les ordres du célèbre capitaine Albert Deullin. Le 22 mars 1918, il prend le commandement de l’unité avant d’être gravement blessé. L’après-guerre le voit, comme nombre d’anciens pilotes, s’engager sur la voie de l’aviation civile, après avoir été recruté par Deullin pour entrer dans la première compagnie de transport de passagers créée, la Franco-roumaine qui a pour président le général Duval, créateur pendant la guerre de la fameuse division aérienne…
La richesse du carnet de vol de Maurice Noguès permet ainsi à Bernard Bacquié, par le biais de nombreuses citations, de nous faire vivre au plus près du quotidien des pilotes l’histoire de cette compagnie qui, très vite, devient la CIDNA. Toutefois, les rives du Bosphore ne suffisent pas à cet aventurier qui rêve d’exotisme et de repousser plus loin les limites des lignes aériennes, jusqu’en Extrême-Orient. Dès lors, Noguès apprend à piloter les hydravions pour mener à bien son rêve et croise la route de Paul-Louis Weiller, ancien pilote de la Grande Guerre et patron de la société Gnome et Rhône. Nous suivons ainsi dans le détail la naissance en juin 1927 d’Air Union-Lignes d’Orient et les premières heures de la jeune compagnie avec le vol inaugural Marseille-Saigon en janvier 1931, l’ouverture de ses premières escales avant que cette dernière ne soit intégrée à Air France à sa création.
Cette extraordinaire aventure humaine s’achève comme celle de nombre de ces pilotes de cette époque héroïque dans le crash le 15 janvier 1934 de l’Emeraude, un Dewoitine D-332, au retour du vol inaugural de la ligne le Bourget-Saigon. Une épopée en tout point fascinante qui tient en haleine le lecteur de la première à la dernière page.
Paul Villatoux
192 pages, 17,5 x 21,5 cm, relié