Ce livre présente les mémoires du lieutenant Auguste Heiligentein, rédigées dans les années 1950-60 et publiées par son fils. Il s’agit donc un témoignage de première main sur le parcours d’un aviateur d’observation entre 1915 et 1918. Sans figurer parmi les « as » du genre, celui-ci a tout de même fini la guerre avec la Légion d’honneur et la Croix de guerre (6 citations), ce qui en fait un aviateur « titré ».
Auguste Heiligenstein, artiste verrier d’origines lorraines, a été appelé pour son Service militaire dans l’artillerie en octobre 1912 et a été libéré en août 1919. Il a débuté la guerre comme sous-officier près d’un canon de 75 mm et y a gagné ses galons de sous-lieutenant. Volontaire pour devenir observateur-aérostier à la fin de 1914, il est passé ensuite en 1915 dans l’aviation d’observation à la MF-5, puis en 1916 il a obtenu le brevet de pilote avant de se retrouver à la MF-44. En 1917, il a également servi à la C-229, mais blessé, il a fini la guerre au Service des fabrications d’aviation.
Le texte fournit de nombreux détails intéressants sur le parcours d’un aviateur durant la Grande Guerre. On reste cependant parfois sur sa faim, car on aurait aimé en savoir un peu plus, mais l’auteur ne s’attarde pas. Il rapporte ses souvenirs et ne cherche pas à compléter son récit par des éléments glanés ici ou là, comme souvent dans ce genre d’ouvrages. Le livre est bien illustré de photographies pour plupart issues de la collection familiale (les albums sont déposés au SHD-air), placées au fil de la narration, ce qui rend la lecture agréable. On regrettera quelques erreurs de mise en page, quelques coquilles et même une photo imprimée à l’envers, mais rien de grave. L’ouvrage contient également une annexe intéressante, regroupant des clichés et croquis (car l’auteur était aussi un fameux dessinateur), des extraits du carnet de vol et les textes de ses citations. Certaines de ces photos auraient peut-être eu davantage leur place auprès du récit, ou encore d’être imprimés dans une taille un peu plus grande, mais là encore rien de bien important. Enfin, l’annexe s’achève sur deux courts chapitres rédigés par Gérard Heiligenstein et portent sur le rappel de son père, réserviste de l’Armée de l’air en 1939, et sur sa carrière d’artiste émailleur de renommée internationale. L’une de ses pièces, une coupe en émaux de 1927, réalisée en mémoire de Nungesser et Coli, figure d’ailleurs en couleurs à la fin du livre.
On boudera d’autant moins son plaisir de découvrir cet ouvrage que les mémoires d’aviateurs de la Grande Guerre ne sont pas si nombreux, et encore moins ceux couvrant comme celui-ci l’ensemble de la guerre.
Thierry Le Roy
228 pages, 16 x 24 cm, broché