En dépit d’un voile que trop peu d’auteurs ont soulevé à ce jour, le nom de René Couzinet demeure étroitement lié à la formidable aventure de l’Aéropostale. Ne faisant partie d’aucune « chapelle » aéronautique, issu de Gad’z’arts, Couzinet aura professé des conceptions singulièrement en avance sur son temps. Cela lui vaudra bon nombre d’inimitiés, mais aussi le soutien et l’amitié fidèles de nobles figures des ailes françaises telles que Jean Mermoz ou que Marcel Bouilloux-Lafont, créateur de l’Aéropostale. Ces trois personnages, dont le destin fut lié par tant de chausse-trappes qu’on leur tendit, connurent une fin tragique.
Alexandre Couzinet, irrité tant par le semi-oubli que par des allégations hasardeuses dont fut victime son frère René, livre des informations et ouvre des pistes qui ne manquent pas d’intérêt. L’ouvrage paraîtra parfois un peu brouillon, voire partisan, mais il relève d’une saine démolition de mythes et de mensonges par omission, ainsi que de la révélation de déplorables intrigues aux conséquences fâcheuses, voire funestes.
Certes, l’Arc-en-Ciel de Couzinet n’était pas exempt de défauts. L’appareil était néanmoins singulièrement en avance sur son temps, à l’image de son concepteur qui avait compris que l’hydraviation commerciale n’avait qu’un avenir limité. Mermoz et son équipage paieront de leur vie l’entêtement de certains à imposer les hydravions sur la ligne sud-Atlantique.
Philippe Ballarini
418 pages, format 15 x 21 cm, broché.