Mermoz ! Sans doute, avec Guynemer, l’aviateur le plus connu des Français. Vraisemblablement celui sur qui on a dit, écrit et répété à l’infini le plus de balivernes convenues. Dans un bouillonnement éditorial où le pire côtoie le meilleur, où l’exceptionnel se mêle au banal, sans doute est-il bon de retourner aux fondamentaux. Jean Mermoz n’eut pas le temps de laisser des « mémoires » au sens strict du terme, mais quelques mois à peine après sa disparition paraissait Mes vols, ouvrage qui se présente davantage comme un assemblage de textes assez disparates que comme un livre structuré doté d’une réelle unité, mais qui demeure un élément de base pour qui veut comprendre Mermoz, la « Ligne » de l’Atlantique sud, l’aviation commerciale des années trente… et bien des choses encore.
Mermoz y raconte son dégoût de son expérience militaire, ses difficiles débuts chez Latécoère, l’Atlantique sud, les Andes, l’Arc-en-Ciel de René Couzinet, l’avantage de « l’avion terrestre » sur l’hydravion… Une seconde partie révèle un Mermoz au patriotisme aussi débordant que son amour pour l’aviation, sa détestation des magouilles, ceci permettant de comprendre son adhésion au PSF**.
La lecture des annexes, d’un volume non négligeable, s’avère indispensable à la bonne compréhension du livre. Outre des éloges funèbres ou des souvenirs de la main de René Chambe, Didier Daurat, Max Delty **, Henri Guillaumet, Joseph Kessel, François de La Rocque… on trouve des notes réellement précieuses signées de l’auteur qui de nos jours est sans doute le plus à même d’écrire sur Jean Mermoz et de commenter ses écrits : Bernard Marck, à qui l’on doit entre autres deux ouvrages-phares sur Mermoz : Il était une foi Mermoz et Jean Mermoz – Défricheur du ciel.
L’ouvrage se clôt sur une bibliographie exhaustive (et donc volumineuse) élaborée par Edmond Petit et Bernard Marck. Tout y est répertorié, des discours, articles et conférences de Mermoz aux très nombreux ouvrages où il est évoqué. Sont également mentionnés les principaux articles de presse consacrés à Jean Mermoz. Cette généreuse bibliographie fait état d’ouvrages que l’on aurait pu oublier, mais ses auteurs ont eu la riche idée d’attirer l’attention sur les essentiels (comme le Mermoz de Kessel. Bernard Marck n’a bien évidemment pas pu encenser son Il était une foi Mermoz qui demeure un ouvrage de référence.
Au bout du compte, ce livre un peu décousu, aux chapitres disparates, conserve la valeur d’être un assemblage des rares écrits de Jean Mermoz. Ni biographie, ni récit ordonné, Mes vols n’en est pas moins un ouvrage indispensable sous bien des aspects.
Philippe Ballarini
216 pages, 145 x 20 cm, couverture souple + jaquette
0,460 kg
– Préface de Gilbert Louis, neveu de Jean Mermoz
– Avertissement et notes de Bernard Marck
* PSF : Parti Social Français, parti politique nationaliste fondé en 1936 à la suite de la dissolution des Croix-de-feu, par son leader le colonel François de La Rocque
** Max Delty : artiste de music-hall qui joua un rôle déterminant dans la carrière de Jean Mermoz
NDLR : Drôle d’effet que de passer en « nouveautés » un livre de… 1937 !