Les chasseurs bimoteurs Messerschmitt Bf 110, Me 210 et 410
Traînant comme une malédiction ses lacunes apparues lors de la Bataille d’Angleterre, le Messerchmitt Bf 110 n’en est pas moins l’un des appareils les plus importants de la Luftwaffe de la Seconde guerre mondiale. Emblématique de la mode du chasseur lourd bimoteur (qui sévit également dans bien d’autres nations), c’est précisément son inadéquation aux combats de 1940 contre les chasseurs de la RAF qui, en entraînant comme toujours en pareil cas, son assignation à d’autres tâches, l’amena à être utilisé de manière très variée. De « Zerstörer » (litt. « destructeur », « destroyer »), il devint « Jabo » (Jagdbomber, chasseur-bombardier), appareil d’escorte, chasseur de nuit… Quantité de versions différentes furent produites, du Bf 110B-1 de la campagne de Pologne aux Bf 110G-4 de 1944, chaque version étant bien entendu déclinée en variantes diverses et variées. Il vola sous bien des cieux et fut utilisé dans bien des théâtres d’opérations : campagnes de Pologne et de France, Bataille d’Angleterre, Balkans, Afrique du Nord, Scandinavie, front de l’Est… jusqu’à l’Irak.
Dominique Breffort a judicieusement inclus dans cet ouvrage les descendants immédiats du Bf 110 : le Me 210, qui fallit causer la perte de Willy Messerschmitt, et le tardif Me 410 « Hornisse » (« frelon »).
Avec sa foultitude de variantes et de « robes », le Bf 110 a amplement de quoi séduire les maquettistes qui trouveront nécessairement dans les 42 pages de profils le modèle qu’ils souhaiteront réaliser, les nombreux types de camouflage ne leur procurant que l’embarras du choix.
C’est bien connu, les maquettistes, à qui sont en priorité destinés les ouvrages de la collection Avions et Pilotes ne sont pas des « colleurs de bouts de plastique » : ils ne peuvent pas rester ignorants de l’histoire de l’appareil qu’ils assemblent. Dominique Breffort propose, comme d’habitude, un texte de bon aloi, où l’essentiel est dit, de la genèse de l’appareil à son chant du cygne en 1945, dans un dosage équilibré entre les données techniques, stratégiques, politiques et historiques. Peut-être pas de quoi faire de vous un éminent spécialiste du Bf 110, mais une approche homogène, à un prix très léger, qui vous permettra de mieux faire connaissance avec cet appareil et son histoire d’une richesse certaine. L’iconographie, majoritairement composée des profils très réussis signés André Jouineau, est complétée par des photographies judicieusement choisies. L’ouvrage est complété par des planches détaillant les différentes versions.
Ce onzième opus de la collection Avions et Pilotes est de la même veine que ses prédécesseurs : mise en page soignée, impression de qualité sur un beau papier bien épais. S’il est très clairement orienté maquettisme, il permet également à l’amateur curieux de disposer d’une base saine à un prix très raisonnable.
Philippe Ballarini
80 pages, 20 x 24 mm, couverture souple